Me voici à rajouter une critique dans une liste déjà bien rondouillarde, car oui; Christopher Nolan propose le plus souvent des films qui interpellent, qui suscitent le débat entre contestation et adoration. Son nouveau né, TeneT, n'a pas été épargné par ce vif débat et a entrainé beaucoup de divisions à sa sortie. C'est alors que TeneT s'assigne comme un petit voleur de place, en se présentant comme un film d'espionnage devant le No Time To Die qui attend encore sa sortie en salle. Alors sous le signe du masque nous pouvions rejoindre ce réalisateur, masqués dans les salles obscures, imitant plus ou moins son justicier chauve-souris...


Alors, Nolan a t-il une fois de plus, réinventé le traitement du temps dans son histoire?


Je n'ai qu'un mot à vous dire: TeneT
En allant voir le film, je m'attendais à moins apprécier, moins être sollicité dans l'ambiance, j'étais au moins sûr d'adorer et être transcendé par les effets spéciaux ainsi que les techniques utilisées. Une petite influence des avis négatifs qui a très rapidement decampée de mon esprit en voyant le récit se profiler. Ce que j’apprécie fortement avec Christopher Nolan est son rapport au temps, ses réflexions qui font office de question philosophique dans laquelle ses film sont sa dissertation. Il part alors d’un principe et le conjugue, le manipule afin d’en extraire des raisonnements plus ou moins réalistes. Mais la copie de l’élève Nolan reste recherchée, il montre qu’il s’est investi dans ses réflexions, donc pourquoi le sacquer ?


Le long métrage est excellemment bien écrit, 2h30 qui passent à se demander, dégoûté: « C'est déjà la fin ?! ». Les acteurs font de bons protagonistes, notamment John David Washington et Kenneth Branagh. La musique se positionne très bien pour créer l'atmosphère du film, elle est très entrainante, surement moins marquante dans la globalité du film mais nous avons tout de même le droit à des passages musicaux assez puissants (POSTERITY & RAINY NIGHT IN TALLINN). Les scènes d'actions sont jouissives, très prenantes, renforcées par la musique mais également le travail du son. J'ai également envie de parler de sa façon de filmer pour avoir ce résultat, il ne suffit pas de mettre la vidéo simplement en inversion, la lecture arrière et les plans sont d'une complexité et d'une ingéniosité déconcertante pour arriver à ce résultat là. Pour ce qui est d’un des "twist", je ne pense pas que c'est mauvais en soit et je pense que d'autres ont fait tout comme moi, mais on le comprend dés le début, cela ne dérange pas pour autant le visionnage et cela renforce même la compréhension et le plaisir.


Son principe m'a paru plutôt simple à comprendre tout au long du film, ce qui peut devenir compliqué sont les sous couches et les questionnements que l'on peut se poser à l'approche finale du long métrage, mais tout a pourtant une explication,
«le temps révèle tout: c’est un bavard qui parle sans être interrogé.»


-----------------!!!Avis Spoiler!!!-----------------


Ressenti du premier visionnage: il se peut que je me heurte à des éléments qui ont une explication mais que je n'ai pas tout à fait compris dans leur ensemble. Coucou ici le Cubick du second visionnage qui va apporter quelques ajouts à l'ancien Cubick.


Tout d'abord, il est fortement déconseillé d'imposer des "et si". Des paradoxes peuvent se former, que fait le double à la suite de sa mission, forcement la boucle tourne et on arrive avec un triplé puis encore. Le fait qui a été difficile à comprendre et qu'il y a un qui voyage en inversé, or à la fin; la femme blessée n'est plus inversée car elle n'a pas de masque mais pourtant c'est celle qui a été inversée car elle est blessée... attendez je m'emmêle les pinceaux (De toute façon, le film et à revoir au moins une deuxième fois pour saisir les détails). Effectivement l'ancien Cubick vient de me faire remarquer que les personnages lors d'inversion et de désinversion se retrouvent au même intervalle sous plusieurs clônes malgré qu'il s'agisse de la même personne, ainsi lors de la bataille Neil est à la fois celui qui klaxonne, celui qui se sacrifie et celui au Vietnam encore jeune. Pour ce qui est de la femme blessée qui n'a pas de masque, Cubick n'avait pas fait attention au fait qu'elle se désinverse une fois en meilleure forme physique.


L’avis général à propos de l’incompréhension du film par les inversions et les temporalités est ressorti beaucoup de fois, en revanche ; je ne pense pas que j’ai un cerveau extrêmement bien expérimenté pour dire qu’en se concentrant sur l’histoire, on comprend la plupart du récit sauf… et je dis bien sauf les paradoxes temporels qui comme leurs noms l’indiquent sont embêtants pour le cerveau en raison de leurs contradictions. Et encore ! Le récit est totalement compréhensible en suivant le déroulé de chacune des vies des personnages et je n'y vois presque plus de paradoxe.


Le film ne se retrouve néanmoins pas totalement lisse et détient plusieurs reproches que beaucoup citent mais en mettant une note largement inférieure à la mienne:


-Les scènes avec la femme ne sont pas très agréables, je n'arrive pas à m'attacher au personnage et je ne suis pas touché émotionnellement. Méchant Cubick ! Pour l'émotion c'est toujours le cas mais le personnage montre une femme forte mais étouffée par l'hégémonie de son mari qui lui fait du chantage. Elizabeth Debicki reste performante bien que froide de part son personnage blessé.


-J'aime beaucoup le « méchant » russe, qui devient vraiment terrifiant par moment grâce à Kenneth Branagh, en revanche j'essaye de me persuader pour la caricature de ses métaphores alambiquées... mais il est tout de même très convaincant.


-On a tendance à faire de la sur-explication, à toujours ressasser (le mot palindrome le plus long de la langue française !), assez paradoxal lorsque le problème global du film est un manque de compréhension. La sur-explication ne me dérange plus tant que ça car elle permet d'imposer des moments plus posés à travers le film et donne des nouveaux tableaux au niveau de la réalisation.


-Un élément sorti du chapeau pendant la visite du hangar aux tableaux dans le port franc de l’aéroport d’Oslo, où l’employé leur explique tout (limite comment entrer par effraction), ça repose sur la confiance des milliardaires mais je peux réussir à y croire sachant qu’ils souhaitent savoir comment sera garder leur tableau. MAIS ! On les retrouve au sol, alors en train de mimer leur assoupissement à cause des gaz, en attendant ; ils ont fait du grabuge à l’intérieur (balles, tableaux cassés…) mais on passe à la suite... Haha Cubick, pour ce qui est des balles elles sont tirées dans le passé en inversion donc lorsque l'employé revient avec les secours les impacts n'y sont forcément plus. Pour ce qui est des tableaux je pensais que c'était la même chose mais au final ils restent cassés si on s'en tient au schéma conventionnel du temps. En revanche, il se peut qu'ils ne soient pas détériorés dans l'intervalle où les personnages se battent continuellement dans le temps et donc par conséquent rétablissent et cassent continuellement comme si rien ne changeait?


-Le point qui m’a le plus dérangé étant les moments de préparation, de repérage entre nos deux agents « très secrets » dans les moyens de transports racontant un semblant de leur opération terroriste aux civils très collés et à voix haute ! Toujours aussi perturbant !


-Je pourrais également parler du traitement du montage vers la bataille très intensive mais hélas coupée à plusieurs reprise par des scènes ensoleillées sur un yacht assez agressives pour les yeux et l’imprégnation de l’ambiance, le problème étant que tout se passe au même moment donc les coupures sont plutôt nécessaires mais les raccords visuels et sonores restent grossiers. Peut-être mais cela reste nécessaire comme l'a dit ce bon vieux Cubick, je tiens à préciser que cela ne m'a pas dérangé lors de mon revisionnage.


-Ensuite, j'ai eu du mal avec le fait que le protagoniste choisisse Neil, nous n'avons pas la complicité qui précède et surtout sur le fait qui lui révèle tout. (Attention, il me semble que c'est un paradoxe que je n'arrive pas à comprendre car il le choisit peut-être selon leur future mission mais cela voudrais dire que le protagoniste a joué un rôle depuis le début et fait exprès d'être surpris durant toute sa mission, je peux comprendre tout à fait mais le seul élément qui me faisait douter était le Talkie Walkie directement en lien avec la mission du protagoniste en rapport avec la fille qui doit tuer Sator). Voilà le genre de question que l'on peut se poser mais ça se règle tout seul il me semble, car le protagoniste participe à une opération secrète dont il ignore tout, donc il ne connaît pas encore la femme et il fait ensuite confiance à Neil. Par contre, c'est les duplications qui me perdent encore car Neil les a sauver avec sa voiture, puis part ensuite refaire à nouveau la même bataille à la suite pour les sauver deux fois en même temps... tandis que lui jeune, Max, se trouve sur le yacht. Bon clairement, il n'a pas fallu attendre de revoir le film pour réellement le comprendre car c'est plutôt simple. Comme le dit si bien Neil il y a deux amitiés, pour Neil c'est la fin de cette magnifique amitié car il se sacrifie et pour le protagoniste c'est le début car il va cotoyer et former Neil sous le nom de Max, et sûrement jouer le rôle d'un père de substitution avec Kat. Neil lors de sa première mission le connaît déjà car il a vécu son passé d'enfant jusqu'à sa vie d'adulte, le protagoniste étant celui qui dirige tout (il n'est pas montré mais si il est vivant, il est plus âgé / c'est d'ailleurs lui qui dit à Maximilien de s'appeler Neil afin qu'il n'y est pas de dégradation du temps qui entraînerait des actions différentes sous l'impulsion qu'il fasse le parallèle avec Max). A noter que ce changement de nom ne change pas grand chose car le protagoniste a conscience que c'est le fils de Kat mais déjà en futur dirigeant, il fait le choix de ne pas perturber le cours du temps.


-Puis, juste pour titiller le film, la tension est à son apogée au début du film avec l'attentat puis j'ai l'impression qu'elle n'arrive plus être aussi forte tout le long du film.


-Je rajouterai aussi la déception de ne pas avoir traité une thématique avec plus de profondeur, elle est pourtant évoquée quelques fois mais globalement les méchants sont les méchants. Tout n'est qu'une question de perception... Comme il est évoqué, les "méchants" ont une raison de vouloir détruire certains éléments du passé, certes il s'agit de meurtres, etc... mais à quel prix ? Ils entendent fournir un avenir meilleur en changeant le passé, car le futur est pollué et horrible, la planète se meurt. Nolan en fait un véritable message pessimiste en montrant la réalité, rien ne peux changer car les firmes et les personnages ne changent pas.


Quelques gros points positifs que je retiens, les scènes d'actions époustouflantes, ce sacrifice qui est presque émouvant entre nos deux héros, la dualité entre le passé et le futur (les motivations ont un sens pour les deux camps), toujours le traitement réflexif sur le terrorisme, le trafic d’armes et la dégradation climatique (en bref, les actions négatives de l’Homme et l'Homme riche).


Infos complémentaires au niveau du titre: j'ai tenté de faire la traduction latine la plus propre possible mais il se peut qu'elle soit défaillante:
TeneT (il tient) Persona(m) le masque, le caractère de l'acteur.
La traduction en français étant forcément moins appréciable.

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le 4 sept. 2020

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Cubick

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