Bob Carter est le plus charmant des agents immobiliers. Mais il est aussi trop honnête. En visite avec un jeune couple, il ne peut s’empêcher de raconter les terribles histoires qui se sont déroulées dans les maisons en vente. Dans la première propriété, il leur relate l’histoire de ces amants qui se retrouvent avec la mort du mari sur les bras. Dans la deuxième, c’est Bobo, le petit singe pas si mignon, qui va faire fuir les acheteurs. Quand à la dernière, personne n’y est mort. Dedans. Mais un de ses occupants, un adolescent avait des visions d’un tueur en série. Il en parle à un psychiatre de plus en plus effrayé par le jeune film.
Crise immobilière ou pas, le film est lui en pleine crise d’intérêt. Il n’y a que le début et la fin qui sont des perles d’humour noir qui permettent de les distinguer, les segments entre ne valent pas grand-chose. Ils usent des ficelles communes au genre, telles que la culpabilité face à un accident, la créature dangereuse, ou le médium impliqué dans une affaire de meurtres, mais n’en fait rien de plus qu’ailleurs. La première est effarante, avec l’abus de rêves horrifiques et une conclusion ouverte qui rappelle les plus mauvaises histoires fantastiques écrites à l’école, quand la conclusion devait ouvrir le texte sur l’étrangeté mais qu’un élément était ajouté de façon bâclé pour y faire croire. Il faut ajouter que pendant toute l’histoire les personnages cumulent les idées et les réactions impossibles à croire, la panique n’excusant pas tout. Les suivantes relèvent le niveau, mais à peine.
Le problème du film est qu’il donne l’impression d’être trop produit. Tout semble assez calibré, que ce soit dans la réalisation ou le jeu des acteurs, coucou Bryan Cranston. Les histoires des segments sont très classiques, vues et revues. Les décors sont au minimum, et ne sont pas crédibles, comme la chambre d’adolescent du troisième segment, avec une pile de CD sur la table de nuit et juste une affiche au mur pour faire jeune. Le film n’est guère sanglant, les quelques meurtres semblent aseptisés. Tout est fait pour offrir un film d’horreur qui ne sortira pas des clous, idéal pour une sortie cinéma juste avant Halloween. Un petit frisson pour une cible assez large.
Et c’est dommage, tant le début et la fin sont jouissifs, d’un humour forcé et sanguin. Utiliser un agent immobilier comme conteur est non seulement une bonne idée, mais elle est bien utilisée, semant quelques pistes qui l’amènera vers une ravissante conclusion. C’est une maigre récompense pour avoir supporté le film jusqu’au bout.
L’anthologie horrifique est un sous-genre du film d’horreur qui peut offrir de réussis représentants, comme le malin Mort de peur ou Darkside, les contes de la nuit noire. La difficulté est d’aller à l’essentiel en faisant de chaque segment une réussite qui exploite les contraintes. Terror Tract est décevant, calibré pour tous, pour finalement ne pas offrir grand-chose de personnel.