Après "Au nom du père", Jim Sheridan replonge Daniel Day Lewis dans la tourmente irlandaise.
Avec une minutie proche du documentaire, Jim Sheridan analyse le processus de paix de son pays. Grâce à ses personnage, il parvient à faire le tour complet de la question. Ancien sympathisant de l'IRA, Danny Flynn sort de prison. Il retrouve son ami Ike (Ken Stott) et lui propose de retaper l'ancien gymnase de leur quartier de Belfast. Danny veut refaire de la boxe à haut niveau et offrir un moyen de défoulement aux jeunes de sa ville. Parmi les premier adepte de ses cours de boxe se trouve Liam (Ciaran Fitzgerald), le fils de Maggie (Emily Watson), ancien amour de Danny. Ce dernier la revoit en cachette car leur liaisons serait mal vu aux yeux du père de Maggie. Danny lui avait demandé de ne pas attendre sa sortie de prison. Maintenant, elle se retrouve avec un fils adolescent et un mari qui croupi à son tour dans une geôle irlandaise. Danny se confronte une nouvelle fois au responsable de son arrestation, Harry (Gerard McSorley) qui s'oppose maintenant à Joe (Brian Cox), père de Maggie et chef de l'IRA dans le quartier.
Ce qui frappe dès les premières images de "The Boxer", c'est de voir avec quel réalisme, Sheridan parvient à créer un univers. La photographie signée Chris Menges (Oscars pour "La Déchirure" et "Mission") privilégie les tons bleus pour faire ressortir toute la froideur des régions du nord et pour montrer que le décors dans lequel évoluent les personnages est le fruit d'une guerre fratricide. Le montage du film suit les intonations de la musique de Gavin Friday et Maurice Seezer, tantôt calme et nostalgique, tantôt violente et colérique.
En grand connaisseur de son pays, Sheridan nous fait pénétrer à l'intérieur de l'IRA, en faisant s'affronter deux personnages diamétralement opposés: le père de Maggie, modérateur qui veut négocier avec les autorités politiques et Harry, chien fou et violent, qui ne respecte que la loi tu talion. Sheridan montre par là que, tant qu'il y aura des luttes intestines au sein de mouvements comme l'IRA, la paix n'est pas prête d'arriver en Irlande.
Le réalisateur donne aussi la parole au femmes irlandaises. Rarement film n'aura été aussi proche du féminisme. Les femmes de "The Boxer" sont pour la plupart mariées à des membres de l'IRA. Soit elles attendent leurs sorties de prison, soit elles vivent dans la peur des attentats. Et pour militer contre la violence et la libération de la femme en Irlande, Sheridan a la brillante idée de le faire à travers le sport le plus violent: la boxe, métaphore parfaite de la lutte irlandaise.