Hollywood: boîte de prod pour l'armée américaine
Avec cet énième film d'invasion de vilains extraterrestres belliqueux, on constate amèrement qu'Hollywood fait toujours office de boîte de production pour l'armée américaine. Cette très longue publicité de propagande d'enrôlement pue la philosophie abjecte que la démocratie doit être imposée par la force. On a droit à tous les clichés du genre dans un étalage qui atteint vite le stade du nauséeux. Il y a le vieux marine (Aaron Eckhart) qui se traîne une casserole irakienne et profite de cette nouvelle guerre pour vivre une rédemption, la femme soldat (la toujours insupportablement mauvaise Michelle Rodriguez) qui s'avère plus burnée que ses collègues mâles, celui qui se sacrifie en confiant aux autres le soin d'avertir sa famille de son acte héroïque, le civil qui donne sa vie pour les autres et dont le jeune fils deviendra à coup sûr une future recrue et ce leitmotiv ridicule que l'on entend au moins vingt fois: "La retraite, jamais" qui clôt Battle: Los Angeles par une scène édifiante: nos braves soldats qui viennent de détruire le poste de commandement ennemi, au lieu de profiter d'un peu de repos et d'une collation bien méritée, rechargent leur armes pour repartir aussitôt au combat. On croit rêver.
La construction du film a déjà été vu quinze mille fois dans ce genre de produit. Après une courte introduction sous forme de nouvelles télévisées montrant l'ampleur des dégâts, on revient quelques jours avant pour nous présenter le groupe de soldats que l'on suivra lors de leur mission. Tous les dialogues sont des slogans qui magnifient la joie et l'honneur d'être un marine. La mise en scène se résume à des plans chaotiques en caméra portée et multiplie les angles comme si nos braves troufions étaient suivis par une équipe de télévision imaginaire bénéficiant d'au minimum dix cameramen, un aspect spectacle qui renforce encore l'imagerie film institutionnel de la chose, faisant de la guerre un vulgaire spectacle de téléréalité. On est loin du sublime travail réalisé sur Green Zone de Paul Greengrass, qui, en qualité d'ancien reporter de guerre, sait de quoi il parle. Il en résulte que l'on s'ennuie très vite et ferme. On a même droit à une erreur de raccord des plus grossière: nos marines descendent d'un hélicoptère de nuit pour atteindre un point stratégique de l'ennemi, font un petit tour en sous-sol et ressortent en plein jour. La musique aussi tire sur la corde de la glorification de l'armée en tombant à pieds joint dans l'emphase la plus détestable. Y a-t-il vraiment quelque chose à sauver de cette purge? Les effets spéciaux? Pas de quoi se relever la nuit. Ils remplissent le minimum syndical que l'on attend d'un tel produit.
On constate que le sieur Jonathan Libesman n'a absolument rien à dire avec une caméra et que le scénariste Christopher Bertolini, responsable de son troisième film de guerre n'a en rien l'étoffe d'un auteur tant il abuse de recettes éculées et indigestes. Quand on apprend abasourdi que les extraterrestres envahissent notre planète pour nous voler notre eau qui est leur carburant, on manque de s'étouffer de rire, et surtout de consternation. On se demande comment des gens aussi insipides artistiquement peuvent percer à Hollywood.