Tout premier film de Marcus Dunstan, scénariste, principalement connu pour avoir co-écrit Saw IV et V - loin d'être des chefs-d'œuvre -, « The Collector » ne partait pas tout à fait sur de très bonnes bases. En dépit de son petit budget de quelques trois ou quatre millions de dollars US et de ses nombreuses faiblesses, le métrage se trouve être, finalement, plutôt correct.
Effectivement, dès le début, « The Collector » nous est proposé sur un support narratif très simple et tissé de nombreux stéréotypes faciles et déjà surexploités : la grande maison perdue au milieu de nulle part, la nuit excessivement sombre avec une pluie torrentielle inarrêtable, le méchant caché dans la maison, les personnages qui ne sont pas là où ils étaient censés être pour donner un coup de pouce à l'histoire etc.
La vitesse et la facilité avec lesquelles les pièges - dont la mécanique complexe nécessite organisation et précision -, sont progressivement posés dans toute la bâtisse sont prodigieusement ridicules. En seulement 15 minutes, on se retrouve dans une maison de 300 mètres carrés plus dangereuse que la frontière entre les deux Corées, et arborant des mécanismes que John Kramer lui-même aurait mis des jours à confectionner.
Cela ne peut accorder que très peu de crédit à cet improbable scénario qui anime des évènements parfois invraisemblables - le coup de la fille projetée sur l'écran blanc par une ficelle était de trop -, et parfois inutiles, comme la scène d’introduction qui ne parvient pas à construire correctement le récit et semble avoir été faite pour la forme, sans apporter grand-chose à l’intrigue. Enfin, le jeu d’acteur de Josh Stewart est parfois un peu faiblard, notamment quand il tente en vain d’exprimer la douleur qu’il est censé éprouver lorsqu’il est victime des tortures du collectionneur...
Cependant, le film se pare de quelques bons éléments qu’on ne peut lui enlever. Premièrement, il y a une certaine maîtrise de la tension tout au long de l'évolution du récit. La mise en scène est correcte, elle permet de se situer dans l’espace et de ressentir l’oppression de ce huis-clos. Le rythme et la tension sont soutenus, le protagoniste et son antagoniste se tournent autour, se pourchassent dans cette immense maison pendant près d’une heure, sans qu’on ne sache lequel des deux tombera le premier sur l’autre. L’action est plutôt lisible grâce à des mouvements de caméras limpides et une réalisation assez efficace dans son ensemble.
Il est fort dommage que l’aspect le plus intéressant du film, soit « pourquoi le collectionneur collectionne-t-il des gens ? », n’aie pas reçu un réel traitement narratif, un approfondissement concret, et se contente d’être une étiquette pour aguicher le chaland. Sans jamais explorer son idée de base et malgré une écriture assez moyenne, « The Collector » reste néanmoins un hybride slasher/home invasion assez sympathique et correct qui parvient à créer une ambiance avec une bande originale orientée Metal/Hard Rock et un grain épais pour une esthétique visuelle assez crasseuse, au service de la mise en scène, parfois inspirée du torture porn.