Avec The Collector je pensais me faire une belle soirée navet, vu la jaquette "PAR LES BALAYEURS DU PLATEAU DE SAW IV, SAW V ET SAW VI", "ENCORE PLUS MALSAIN QUE MALSAIN: LE FILM" et le réalisateur débutant qui était effectivement derrière le scénario des Saw susmentionnés. Et en fait c'était bien.
Déjà ça commence comme un film noir, avec un héros dans la merde à la John Dahl, qui doit cambrioler la maison de son patron pour rembourser ses dettes, une ambiance un peu sombre du Sud des États-Unis un jour de pluie, tout bien mis en scène, un grand manoir à dévaliser... mais dans lequel il ne fallait précisément pas entrer en ce jour, puisqu'un serial killer s'est amusé à séquestrer les occupants dans la cave et à poser des pièges partout dans l'éventualité ou quelqu'un rentrerait. Et au début c'est vraiment sympa à regarder, le cambrioleur évite comme il peut les pièges assez retors souvent posés là où on ne l'attend pas, le tueur qui rôde est simple et sans artifices: long manteau, cagoule et gants en cuir, les yeux comme deux billes noires à tel point qu'on ne sait jamais ce qu'ils fixent. Sur ce point là c'est légèrement inventif et prenant, le rythme est en plus bien géré. Et au milieu démarre soudainement "Bela Lugosi's Dead" de Bahaus, qui porte toute une scène clef avec des ralentis et un scope impeccable. C'est vraiment tendu, quasiment muet, y'a une ambiance très particulière, du brouillard, un peu de Korn à un moment. Vraiment un bon film de maison piégée.
Dommage qu'en contrepartie le réalisateur se prenne les pieds dans le tapis dans les scènes de torture-porn bien craspec dans le sous-sol qui font exactement l'inverse de toutes les bonnes choses que Marcus Dunstan mettait en place avant. Couleurs dégueulasses, filmées en gros plans à la Saw, ça colle un peu avec le générique d'ouverture passe-partout qui singe celui de Seven avec des gros plans épileptiques. Et à faire des pièges élaborés y'a pas mal d'incohérences qui se balladent dans le scénario, à commencer par le fait que le héros rentre dans la maison comme dans un moulin avec son outillage mais se retrouve incapable de faire le chemin inverse comme par enchantement, pour ressortir par la suite de la plus simple des manières en cassant un carreau. Et surtout le final qui tire toutes les ficelles du slasher gâche un peu tout, ça s'étire inutilement et vraiment, le mec qu'on croyait mort et enterré qui revient soudainement avec sa valoche pour te faire chier jusqu'à ce qu'une suite soit envisageable, c'est plus possible.
Bon c'est carrément le meilleur Saw-like qui ait été créé, c'est même mieux que la saga en question d'ailleurs, et c'est surtout plein de bonnes idées qui me plaisent et pas seulement au niveau du scénario. Donc je suis trèèèès gentil sur la note mais c'est quand même bancal et un peu agaçant par moments.
Petite surprise.