Il me semble bien que l'univers est sur le point de s'écrouler, je suis d'accord avec @Torpenn en tous points sur une critique de blockbuster, qui plus est dans un genre que je consomme sans modération, celui des super-héros. Je vais sans aucun doute pulvériser mon record de dislikes, tant mieux ça me tannera un peu l'ego, je vais décevoir @Ico qui m'accompagné a cette séance et m'a presque supplié d'attendre demain matin pour rédiger ma critique, digérer, me calmer, mais non... Ma déception nourrit ma colère qui se mue peu à peu en haine pour ce Batman. Batman, MON héros d'enfance, absolu, unique, insurpassable dans mon panthéon personnel.
La note est excessivement sévère, tout n'est pas à jeter, beaucoup prendront plaisir à voir ce film. Elle reflète cependant indéniablement la profondeur de mon désarroi, et je ne pense pas revenir dessus une fois calmé.
Je m'étais engouffré dans la salle obscure confiant, avec une mission simple. Détester Anne Hathaway, pardonner à Marion Cotillard et apprécier globalement ce film, confiant que j'étais suite à The Dark Knight, tout en sachant que Heath Ledger ne pouvant être de la partie, l'opposition serait d'envergure moindre. Résultat inverse, j'ai été très agréablement surpris par Anne Hathaway, séduisante en diable et curieusement crédible (même si la pauvre, ses répliques sont en carton mais je reviendrai sur ce point), j'ai rigolé de honte (et la salle avec moi) pour Cotillard, notamment lors de sa fameuse réplique finale, et j'ai détesté le film. Pas d'emblée. C'est monté graduellement, imperceptiblement, pour atteindre un niveau dérangeant et finalement accélérer dans le grand n'importe quoi final qui m'a laissé pantois devant tant de poncifs idiots et absolument ridicules.
Si la première partie est acceptable, Nolan illustrant les atermoiements du personnage de Bruce Wayne (avec des ficelles grosses comme des séquoias millénaires mais pourquoi pas), brisé suite au rôle qu'il a du endosser à la place de Harvey Dent et au décès de sa très chère dulcinée, la seconde partie part en sucette complète avec un Nolan qui, retombant dans les travers de "Batman Begins" voudrait psychanaliser juste tout l'occident, utilisant Gotham City comme expérience sociétale, dénonçant tour à tour le capitalisme, le règne de la terreur, l'égoïsme, l'anarchie, avec une touche d'expiation par dessus, etc. Mais non, finalement, rien de tout ça, on va carrément faire la guerre à coups de poings dans les rues de la ville (avec des flingues à la main pour faire joli) avec en général cinq étoiles un Batman en plein jour, molasson, affrontant un méchant n'ayant pas la moindre psychologie. Bane. Je redoutais Bane, personnage peu intéressant à mes yeux (il est costaud et intelligent. Point. En voilà un profil original). Il n'est pas inintéressant. Il est vide. Il ne dégage rien. Et sa voix est juste insupportable.
Mais tout ça après tout, j'aurais pu pardonner. J'aurais même pu aimer ce film malgré un scénario incohérent et mal dégrossi, des scènes d'actions fouillies (Nolan ne sait pas mettre en scène et filmer une foule. Quand quarante terroristes tirent à la mitraillette sur un troupeau de policiers, on attend un peu plus que deux morts...), un faux rythme pérpétuel qui fait que jamais on ne se sent happé par les enjeux, par les scènes qui défilent tel un patchwork de débutant en couture.
Non, ce qui me fâche avec The Dark Knight Rises, ce sont ses dialogues pompeux, prétentieux, assénant en enfilade les répliques voulues définitives, alourdissant chaque minute un peu plus le film pour l'emporter vers le fond (franchement, parfois, elles font pouffer de honte pour l'acteur forcé de les déclamer). Batman est un héros torturé par nature, qui questionne sa légitimité, son rôle, son apport à Gotham. C'est quelque chose de tout à fait intégré par le spectateur, pas la peine de le rappeler toutes les cinq minutes dans une ambiance tragédie grecque de bas étage.
J'oubliais la fin. La toute fin. Cette horrible fin où on découvre une PUTAIN DE STATUE DE BATMAN inaugurée à la mairie, une fausse fin tragique qui débouche sur ROMANCE IDIOTE A LA MORD MOI LE NOEUD entre Batman et Catwoman, tous mignons à une table de restaurant à Florence! NON MAIS C'EST QUOI CE BORDEL???!!!
Christopher Nolan et son frangin sont de gros prétentieux. Christopher ne s'est pas caché du fait qu'il voulait réaliser un film énorme, il suffit de le citer :
C’est le film le plus gigantesque que j’ai tourné. En fait, c’est le
film le plus gigantesque que quiconque ait tourné depuis l’époque du muet
Qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'est pas prétentieux après une sortie pareille. Ils ont voulu montrer qu'ils avaient une grosse paire de testicules bien poilues à leurs fans, ils ont voulu écrire et réaliser un Batman plus épique et tragique et monstrueux et titanesque que tout ce qui avait été fait avant sur ce personnage. Mieux, ils ont voulu faire le plus grand film de tous les temps sur un super-héros, mieux, le plus grand film de tous les temps. Ils ont visé infiniment trop haut et le résultat s'écroule comme un château de cartes construit sans génie et sans planification avec trente jeux de 52 cartes glissantes.
The Dark Knight Rises est un gigantesque pétard mouillé, une vaste pantalonnade de final pour un Batman qui s'en serait bien passé, une blague involontaire pas drôle qui me laisse avec un goût amer au fond de la rétine, l'esprit souillé et le cœur maltraité d'être à ce point déçu...