The Grand Budapest Hotel, ça se déguste, comme un bonbon qui pétille dans la bouche. Avec toutes ces couleurs qui nous sautent aux yeux, toute cette symétrie visuelle presque névrotique mais terriblement jubilatoire, Wes Anderson est sans doute à l’apogée de son style si personnel et imaginaire. On n’est jamais sur notre faim, on en redemanderait presque devant cet univers bon chic bon genre qui nous est représenté telle une maison de poupée, au dessin subjuguant comme toutes ces séquences extérieures sous la neige magnifiques, où tout un tas d’acteurs déambulent telles des marionnettes vivantes. Ce qui est impressionnant, c’est que tout à l’air calculer de A à Z comme souvent chez le réalisateur que cela soit chez les acteurs tous parfaits notamment Ralph Fiennes et Tony Revolori, tout en passant dans la mise en scène tracée au moindre millimètres, puis cette musique raffinée de Alexandre Desplat mais on est à chaque fois surpris, le réalisateur ne cesse d’inventer et de réinventer , tout en permettant à son film de vivre, de ne jamais succomber sous le poids de cet esthétisme survolté grâce à une humilité attendrissante donnant la part belle à une histoire toute simple mais captivante. Derrière cette histoire qui voit un Lobby Boy faire rêver de vieilles dames riches, The Grand Budapest Hotel porte sur des hommes et femmes touchés par la guerre, voyant devant leurs yeux ce monde changeant.
C’est génial, parce qu’on suit, le parcours de ces deux compères trépidants, qui vont se lier d’amitié et même de fraternité, qui après la mort d’une vieille dame, se retrouvent avec un tableau sous les bras et une histoire de meurtre et d’héritage à résoudre, pour aussi sauver leur peau. Le rythme est décadent, on a l’a l’impression que le film se construit devant nous, avec ces personnages à l’humour décalé, cet humour dandy d’une finesse raffinée, aux dialogues ciselés à l’ironie brodée avec des coutures dorées, qui coulent de sources, qui nous donnent un spectacle jouissif où l’on passe par exemple d’une évasion de prison roublarde à une excellente poursuite en luge. Le film passe une vitesse folle, les scènes s’enchainent sans temps mort grâce à un montage parfait, qui assimile période et narration avec une grande fluidité. Les personnages ne font jamais office de tapisserie, au contraire, ils apportent à un film qui ne manque pas de couleurs pétaradantes, une touche toute particulière, sublime de beauté romantique à l’image du petit couple tout beau tout mignon formé par Zero et Agatha mais aussi sombre et violente à l’image du frère détraqué et tueur compulsif joué par William Dafoe. C’est un feu d’artifice continue, à la beauté visuelle extasiante s’appuyant sur ce duo d’acteurs qui est magnifique de complicité, somptueux de spontanéité, et génial d’émotion, comme ce petit moment abrupt où Zero nous raconte sa vie de réfugié. The Grand Budapest Hotel est l’apothéose d’un réalisateur foisonnant d’idées avec une œuvre d’une élégance sans faille, à la poésie subtile.