C'est un comble quand un film qui traite de la tolérance à travers l'art et la représentation ne soit pas fichu d'incarner lui même tout ce qu'il tente de mettre en scène. The Greatest Showman est un film avec de grandes ambitions, mais malheureusement pour lui c'est sa bêtise qu'il hisse au sommet.
Avant de commencer j'aimerais préciser que je ne connais pas l'histoire de P.T. Barnum, je ne jugerais donc pas le film sur ce point là. Je dois aussi avouer que la comédie musicale n'est pas mon genre de prédilection, très loin de là, même si j'apprécie quelques rares exceptions comme La La Land par exemple, on reviendra plus tard d'ailleurs sur ce dernier. Je n'aime pas, j'irais même dire que je déteste les comédies musicales où l'on chante pour se passer le sel, celles où les décors en carton ont pour vocation d'illustrer la beauté, celles où les thèmes principaux ne sont là que comme des prétextes à la chansons. En somme je n'aime pas cette culture du kitch que les comédies musicales entretiennent depuis de nombreuses décennies. C'est pourquoi The Greatest Showman s'apparente à mes yeux à une forme de torture, à la fois visuelle et auditive. Je ne supporte pas ce genre de films.
Néanmoins je tente de rester objectif et je soulignerais malgré tout que le sujet du film demeure important, il est traité sans aucune finesse, avec de gros sabots et un conventionnel non dissimulé mais il est traité. Certaines voix ne sont pas vilaines, elles ne me plaisent pas mais force est de constater que peu de voix ici chantent faux. Enfin j'oserais malgré tout dire que dans cette bouillie visuelle se dissimule une jolie photographie par instants, notamment une scène d'incendie assez efficace. Bien entendu c'est trop mince pour faire un film réussi. The Greatest Showman comme beaucoup de mauvaises œuvres, a sûrement été fait avec les meilleures intentions, par des producteurs et une équipe qui visiblement pensent que le public est trop bête pour capter un message sur la tolérance délivré dans la subtilité et la créativité.
Car c'est bien là que se loge le problème : le film n'a aucun élan artistique. Les chansons sont toutes de la soupe pop-R'N'B ignoble, dont la présence demeure totalement incompréhensible étant donné l'époque de cette histoire et son contexte. On peut oser faire du moderne et jouer avec les anachronismes, mais quand cela s'apparente au croisement improbable entre High School Musical et American Horror Story : Freak Show, c'est plus compliqué disons. Musicalement c'est pauvre, indéniablement, mais visuellement ce n'est guère mieux, c'est la foire aux fonds verts, aux costumes criards et aux chorégraphies Disney Channel. Mais soyons positif : on peut au moins être sûr qu'aucun animal n'a été maltraité durant le tournage tant leur absence sur le plateau est évidente (entendez par-là qu'ils sont très mal numérisés).
Le casting quant à lui ne parvient pas à sauver les meubles, pire on pourrait presque penser qu'il est là pour enfoncer le clou quant aux choix qui ont été fait pour les rôles. Certes il faut bien avouer qu'après avoir remarquablement campé Logan dans le film éponyme l'année dernière, Hugh Jackman n'a rien perdu de son énergie pour porter le film. Il s'amuse et tant mieux pour lui. En revanche c'est l'incompréhension en ce qui concerne la présence de Michelle Williams, la voir s'époumoner ici est d'une absolue tristesse. Idem pour Rebecca Ferguson. Curieusement en revanche on ne s'étonne pas trop de voir Zac Efron et Zendaya, tous deux bien habitués à ce genre d'inepties, ce qui aurait dû me mettre la puce à l'oreil cela-dit.
Que dire de plus ? Le message sur la tolérance ? Il est louable c'est vrai, mais il n'excuse en rien la tristesse artistique et créative que représente The Greatest Showman, qui au final cristallise tout l'inverse de ce qui faisait l'originalité et la fraicheur de La La Land. Aurions-nous tort de penser que le film avec Ryan Gosling et Emma Stone allait enfin changer la donne ? Apparemment oui ...