Inédit dans nos contrées, The Hobbit est comme vous l'avez compris une adaptation du célèbre roman de J.R.R. Tolkien, datant ici de 1977. Produit pour la télévision, ce petit long-métrage d'un peu plus d'une heure regorge de bonne humeur et de moments forts mais aussi de défauts, malheureusement. Ainsi, outre les (innombrables) infidélités au roman, comptant parfois des oublis nécessaires pour rentrer dans les temps, le film de Jules Bass et Arthur Rankin, Jr. souffre surtout d'une mollesse alarmante et d'une certaine incohérence généralisée par des scènes s'enchainant de façon tellement saugrenue que la vision du film devient vite pénible...
En effet, en quelques secondes, Gandalf apparait de derrière un arbre, propose à Bilbo de le suivre dans une aventure périlleuse et, après un premier refus du hobbit, s'énerve en disant haut et fort : « I am Gandalf, and Gandalf means me ! » Vous êtes prévenus, niveau dialogues c'est constamment au ras des pâquerettes, les deux metteurs en scène ne sélectionnant que les phrases les plus mémorables du roman tout en oubliant d'en étoffer les scènes. Cela donne donc l'impression de visionner plusieurs scénettes assez inégales et surtout très vite passées, comme peut en témoigner le passage avec les trois géants.
Cependant, l'animation reste très sympathique pour une production télévisuelle des années 70, les doublages brillants (Gandalf est notamment interprété par le réalisateur John Huston) et la musique sensiblement attrayante, bien que ces nombreux chants folkloriques viennent trop souvent gâcher un rythme déjà peu virevoltant, faisant passer les scènes d'action ou celles de fuite sensément haletantes pour un gag à la Benny Hill.
Et si le chara-design de quelques personnages est parfois surprenant (notamment sur Gollum, devenu une sorte de batracien hideux, ou encore Smaug, le dragon ici affublé d'une tête de félin) et certains passages donc écourtés tandis que d'autres - comme dit précédemment - tout simplement omis tels la présence de Beorn l'homme-ours ou encore le voyage de Bilbo avec l'Arkenstone, le dessin animé demeure en soi très sympathique et devient ainsi une petite rareté qui vaut néanmoins la peine d'être vue, surtout pour les aficionados du roman.