C'est ici qu'Uwe Boll entre dans la légende. Avec House of the Dead en 2003, le réalisateur allemand se lance dans une série d'adaptations de jeu vidéo : Alone in the Dark, BloodRayne suivront. Ces produits vont déchaîner la fureur des fans et générer des communautés anti-Boll sur le Net, alimentées par les provocations du réalisateur lui-même, qui affirmera ne pas s'être intéressé aux jeux qu'il adaptait. Ecopant des titres de « pire cinéaste du monde », « nouvel Ed Wood » ou « Master of Error », Uwe Boll jettera encore de l'huile sur le feu et se distinguera en organisant un match de boxe l'opposant à ses détracteurs ; avant de leur annoncer qu'il est un ancien boxeur, il les lamine tous. S'estimant incompris et se comparant notamment à Scorsese, Uwe Boll est aussi l'auteur de projets plus personnels ou sérieux ; il affiche des ambitions plus élevées avec Stoic et Rampage et, dès 2007, s'attire des légions de fans (à quelque degré que ce soit) grâce à Postal, une comédie potache politisée.
Contrairement à certains de ces films où Uwe Boll vise la thèse, House of the Dead n'est pas agaçant ; contrairement à d'autres de ses 'purges', il n'est pas spécialement ennuyeux. Il n'en demeure pas moins déplorable : démarrant comme un téléfilm zeddard, bruyant et mou, House of the Dead s'installe entre le film d'exploitation random type Anaconda et la baudruche défectueuse pour amoureux de nanars et produits bien discount – ce qu'il n'est pas, en vertu de son budget (5 millions de $, soit six fois moins qu'un blockbuster routinier). Le résultat est un bourrinage surréaliste, médiocre, fabriqué tout entier sur des 'clichés', ponctués de quelques initiatives misérables et lapidaires. Les actes incohérents se multiplient, des éléments débarquent à l'improviste en snobant la continuité. Les combats contre les zombies tiennent du Chair de poule régressif, les inserts en provenance du jeu sont maladroits et inutiles. Et surtout il y a ces redites, littérales ; propension ahurissante toujours présente chez Boll, soit dès son essai Amoklauf de 1994.
Les dialogues sont ouvertement stupides et bâclés, toutefois le film n'est pas 'passivement' mauvais. Il recèle des côtés 'comiques' délibérés, dont le marin est la plus vibrante illustration. Les punchline imbéciles habituelles sont tirées vers une espèce de sarcasme, écho bâtard du 'second degré' des blockbuster d'aventures à tendance cartoonesque. Dès les origines, Uwe Boll était donc enclin à la négligence appuyée et à la plaisanterie lourdingue, moquant 'l'âme' de ses propres œuvres à dessein commercial. Son investissement dans ce film est celui d'un faiseur au j'men foutisme flamboyant. Toute cette idiotie devient relativement plaisante lorsqu'on se sait devant un 'nanar' (ou navet) de première catégorie. House of the Dead n'est pas aussi 'spectaculaire' que Zombie the beginning de Mattéi, mais plus dynamique ; c'est exécrable, tapageur, un peu exotique, on finit par s'adapter. Après tout, les 'mauvais films' dont la médiocrité est réjouissante ne sont pas si fréquents : voir Hitman le cobra est largement plus plombant. Et puis cet House of the Dead n'est pas 'vide' : bête, mais pas vide.
https://zogarok.wordpress.com