Avec The King of New York, son sixième film, Abel Ferrara signe une oeuvre violente où il nous immerge dans le milieu du crime organisé, ainsi que les hautes sphères politiques, de New York.
Il reste surtout braquer sur Frank White, un gangster qui sort de prison et qui souhaite se mêler à la politique, malgré de nombreuses oppositions, qu'elles soient officielles ou non. Sans concessions, il propose une oeuvre d'une violence rare où vont se mêler trafic de drogue, tuerie, jungle urbaine, sexe, fusillade, course-poursuite ou plongée dans l'univers new-yorkais, que ce soit dans les bas-fonds ou les hautes sphères. Il montre, via un schéma assez classique, l'ascension d'un gangster, avec tout ce qui s'ensuit.
La réussite de The King of New York se trouve surtout dans sa galerie de personnages, parfois pas loin de la caricature, et dans l'ambiance. C'est d'abord sur Frank qu'il s'attarde, gangster violent, ambigu et cynique, souhaitant financer un hôpital pour les enfants démunis tout en rêvant d'augmenter son pouvoir et de devenir le roi de New York. Autour de lui, tant dans ses associés que dans les flics, il dépeint des personnages avec cruauté, violence et sachant les rendre intéressant, voire même fascinant. Via eux, il propose une plongée dans une ville pourrie jusqu'à la moelle, où le vice et le péché sont à chaque coin de rue et chaque couche de la société tandis qu'il apporte une touche politique et sociétale et ne cherche pas à moraliser ou idéaliser un camp.
Ferrara, en plus de dépeindre avec violence et intelligence la face cachée de New York, se montre particulièrement inspiré dans sa mise en scène où il met en place une ambiance glauque, violence voire même fascinante totalement prenante. L'oeuvre ne manque pas de tension et de moments forts, avec une puissance qui prend de plus en plus d'ampleur plus on avance dans le récit. Efficace dans la construction du récit, il met bien en place les différents éléments de la montée en puissance de ce gangster tandis qu'il montre un vrai savoir-faire derrière la caméra, tant dans le montage que la photo ou la direction d'acteur. Effectivement, Christopher Walken se montre habité par ce rôle froid et ambigu de criminel pensant agir pour le bien, tandis que les seconds rôles se fondent dans leurs personnages, que ce soit Wesley Snipes, Steve Buscemi ou même un Laurence Fishburne pratiquant un savoureux cabotinage.
C'est donc au cœur d'un New York faisant office de ville du vice et du péché que nous immerge Abel Ferrara et il livre une oeuvre aussi violente que crue et totalement prenante, le tout emmené par un grand Christopher Walken.