Les moissons de la colère
Le jeune Jack grandit, avec ses deux frères, entre la gentillesse de sa mère et la dureté de son père méprisant. Jusqu'au jour où un terrible évènement va venir contrarier la tranquille existence de la famille.
40 ans..5 films...Disons le d'emblée, Terrence Malick fait partie de ces réalisateurs dont la sortie d'un film représente toujours un évènement cinéphilique mondial. Depuis La Ballade Sauvage jusqu'au Nouveau Monde, en passant par Les Moissons du Ciel et surtout La Ligne Rouge, Malick a toujours fait de son cinéma une œuvre avant tout sensorielle et une ode à la nature où chaque élément occupe une place prédominante dans la composition de l'image. Son dernier film ne fait donc pas exception à cette règle en offrant au spectateur une réflexion métaphysique sur la vie avec une série d'images magistrales qui passe par la création de l'univers, les joies et les peurs de l'enfance, pour s'achever sur les questionnements d'un homme perdu en son fort intérieur, l'ensemble s'apparentant à la rencontre improbable entre Le Miroir de Andreï Tarkovski et le 2001 de Stanley Kubrick.
A l'image de ces deux grandes figures du 7éme Art, cette dernière Palme d'or 2011 est manifestement filmée par un artiste d'une rare sensibilité et d'une technique inestimable qui maîtrise l'art de la caméra à la perfection, que ce soit par les mouvements d'appareil ou la qualité de ses images qui parfois touchent au sublime (parmi les plus belles scènes du film on retiendra surtout l'opéra cosmique et la dispute père-fils). La caméra danse autour des personnages, se pose, regarde, repart et revient dans un véritable ballet qui effleure les personnages et participe à la dramaturgie de leurs rapports.
Toutefois, The Tree of life laisse perplexe tant il fascine et exaspère à la fois. En effet, si Terrence Malick nous invite à plonger avec lui dans une expérience sensorielle et une véritable poésie épique, on admet difficilement de passer soudainement vers le symbolisme pur et dur à travers la création de la Terre, à grand coup d'icônes cosmiques et contemplatives (la durée est excessive et les dinosaures sont hors contexte) avec parfois l'impression de se retrouver devant National Geographic ou Ushuaïa Nature (sans parler d'une fin esthétique au possible qui finit par ressembler à une pub pour un parfum tournée dans un désert). Certes cet exercice de style est devenu la signature de ce réalisateur atypique du nouvel Hollywood, mais le long métrage finit par en atteindre ses limites sur sa conclusion, la faute à la répétition de propos religieux narrés tout au long du déroulement et qui lui donnent malheureusement un coté faussement moraliste.
En bref, cette « arbre de la vie » est un film hautement personnel qui s'adresse au cinéaste lui-même avant de s'adresser au spectateur qui doit donc s'accrocher aux branches pour rentrer dans cette réflexion sur la vie, la mort et ce que c'est d'être bon au travers de cette œuvre qui raconte l'enfance telle qu'on ne l'avais jamais raconté mais aussi et surtout la vie elle-même, sa création, son futur, sa portée symbolique, ses conséquences et ce qu'elle représente finalement pour chacun de nous.