Il y a deux choses que je pourrai reprocher à Dubosc. D'abord, de ne pas s'être contenté de la seule casquette de réalisateur en restant derrière la caméra du premier long métrage qu'il signe. Car en endossant le rôle du dragueur menteur invétéré, il privilégie la facilité à la qualité : non pas qu'il soit mauvais dans l'emploi, mais c'est le même qu'il tient depuis ses débuts sur scène il y a vingt ans (une certaine lassitude à le voir toujours jouer la même chose s'est donc légitimement installée en cours de route) et, objectivement, tout sympathique qu'il soit, il a une palette de jeu assez limitée (un autre comédien, qu'il aurait dirigé, aurait pu apporter à son personnage une finesse d'interprétation supplémentaire).


Ensuite, d'utiliser dans son film et en promo le terme de "chaise roulante" au lieu de "fauteuil roulant". Il s'agit là d'une erreur de béotien qui montre qu'il n'a pas assez potassé son sujet. Tapez "chaise roulante" sur Google pour voir : vous tomberez sur des photos toutes estampillées "fauteuil roulant". Parce que, contrairement à une chaise, un fauteuil a des accoudoirs - roulant ou de salon, la distinction est la même et la différence aussi évidente. Et lorsque l'on est comme moi utilisateur quotidien d'un FAUTEUIL roulant, s'entendre dire qu'on est dans une chaise, ça agace, dans le genre remarque de quelqu'un qui non seulement ne connait rien au monde du handicap, mais qui a également des lacunes en mobilier de base.


Pour le reste, cette première réalisation est plutôt une réussite. Contrairement à Patients, le film ne traite que très superficiellement du handicap (à part lors d'une scène où il est question de la sexualité des paraplégiques, rendue trop didactique par un discours purement médical) et s'attache plus à la thématique du mensonge et de la mauvaise conscience.


Si le scénario est pas mal cousu de fil blanc et un peu trop sucré par une B.O. guimauve et un final pas crédible (comment l'héroïne peut-elle se retrouver là à cet instant ?) manifestement emprunté à l'une de ces vidéos "tellement inspirantes" partagées sur les réseaux sociaux, la réalisation tient la route, l'émotion passe (on rit moins que prévu mais la grosse dose de tendresse domine et emporte efficacement l'ensemble), et surtout le casting féminin est à tomber : Caroline Anglade, pétillante et sexy en diable, Elsa Zylberstein, très drôle dans une partition qui rappelle celle qu'elle tenait déjà dans Les têtes de l'emploi, et surtout Alexandra Lamy, belle, lumineuse et toute en subtilités.


Sur une recette ni très neuve, ni très élaborée, ce bonbon, moins acide que prévu mais avec un vrai bon cœur coulant, se déguste assez agréablement.

AlexandreAgnes
7
Écrit par

Créée

le 16 mars 2018

Critique lue 3.2K fois

16 j'aime

2 commentaires

Alex

Écrit par

Critique lue 3.2K fois

16
2

D'autres avis sur Tout le monde debout

Tout le monde debout
Seemleo
5

Dubosc ne se mouille pas

Franck Dubosc se risque à la réalisation après plusieurs contributions en tant que scénariste. La comédie qui en résulte, pur produit TF1 ne risque pas de révolutionner l'histoire du cinéma ni de...

le 23 mars 2018

14 j'aime

Tout le monde debout
Sofian_DeRochdi
7

Assis ou debout?

Histoire/Scénario : Un scénario parfois drôle, parfois émouvant ; on attaque une histoire romantique d’une manière assez originale. Dommage que l’on retombe sur quelques clichés habituels dans ce...

le 15 mars 2018

9 j'aime

5

Tout le monde debout
JorikVesperhaven
7

Dubosc surprend avec une belle comédie pleine de romantisme et de tendresse.

De Franck Dubosc on était en droit de s’attendre au pire tant il a du mal à se renouveler devant la caméra en jouant toujours le sempiternel même personnage de beauf gaffeur à quelques exceptions...

le 11 mars 2018

9 j'aime

1

Du même critique

Au revoir là-haut
AlexandreAgnes
9

On dit décidément MONSIEUR Dupontel !

La Rochelle, 26 juin. Jour de mon anniversaire et de l'avant-première de Au revoir là-haut en présence d'Albert Dupontel. Lorsqu'il entre dans la salle à la fin de la projection, le public...

Par

le 27 juin 2017

54 j'aime

4

Mektoub, My Love : Canto uno
AlexandreAgnes
4

Si "le travelling est affaire de morale", ici le panoramique vertical est affaire de vice

Je n'accorde habituellement que très peu de crédit au vieux débat clivant qui oppose bêtement cinéma populaire et cinéma d'auteur (comme si les deux étaient deux genres définitivement distincts et...

Par

le 27 mars 2018

50 j'aime

19

Arès
AlexandreAgnes
6

Ne pas jeter bébé avec l'eau du bain

Voilà un long métrage qui, en apparence, accumule les défauts : une erreur monumentale dans le choix de la date dès le carton d'ouverture (l'action se situe dans un Paris post-apocalyptique...

Par

le 24 nov. 2016

43 j'aime