Quand les trois jeunes sœurs Craig apprennent le remariage de leur père, leur sang ne fait qu'un tour. Leur paternel a divorcé, mais elles comprennent bien que leur mère n'a jamais cessé d'éprouver de la tendresse pour lui. Elles décident de fuguer pour partir à New-York, le retrouver et s'opposer aux plans de sa future femme et de sa mère. Elles vont embaucher un escroc chargé de la séduire, mais se trompent de personne. Celui-ci, amusé, va néanmoins tenter de faire ce qu'on lui demande.
Comédie familiale sans prétentions particulières, le film rayonne pourtant grâce à ses personnages. Les jeunes sœurs, interpretées par Barbara Read, Nan Grey et Deanna Durbin, sont pleines de vie, et se distinguent chacune. Le père, affectueux mais un peu gauche, se montre d'une grande humanité à mesure qu'il accepte l'intrusion de ses filles dans sa vie. Ray Milland, le faux escroc est d'une élégance et d'une vivacité d'esprit rare. Quand il « joue » avec l'une des sœurs, qui croit qu'il est l'escroc, c'est fait avec une prestance remarquable. Même les personnages vénaux du film, attirés par l'argent du père, ne sont pas vraiment méchants, juste bêtement cupides.
Visionné peu de temps après Embrasse moi, chérie , je me suis donc retrouvé avec deux films traitant de l'amour perdu et du divorce. Et pourtant, alors que dans la comédie musicale, le sujet est abordé à grands coups de sabots comme une péripétie sur la vie d'un couple, il est abordé ici avec une plus grande humilité. L'issue des retrouvailles entre le père et la mère semble jouée d'avance, mais cela ne sera pas fait de manière aussi forcée. Et les personnages féminins ne seront pas fessés pour leur esprit ou leur indépendance, ce dont ils ne manquent pas, contrairement à Embrasse moi chérie.
Le scénario est signé Adele Comandini, une femme. Ce n'est pas improbable de penser qu'il y ait un lien, que ça ait permis une meilleure catégorisation des personnages féminins, troublants d’humanité. Elle sera nominée aux Oscars de 1936 pour l'histoire de ce film, mais c'est un film sur Louis Pasteur qui remportera le trophée. La rage.
Film adorable, d'un grand enthousiasme et pourtant qui échappe à la mièvrerie, le film aida le studio Universal à sortir d'un tournant difficile de son histoire, ce fut un grand succès public. Deux suites suivront. Et je pense que les qualités que les spectateurs de l'époque y trouvèrent sont restées telles quelles, dans ce film qui a très bien vieilli.