Une comédie d'Ernst Lubitsch, c'est forcément sympa. D'autant plus quand celle-ci date de 1932, soit avant le Code Hays, avec ce que ça comporte comme femmes sexy, en nuisette ou montrant leurs bas, et distillant un tas de petites remarques pleines de sous-entendus grivois ! Il s'agit là d'un auto-remake du film muet Comédiennes de 1924, tourné dans un premier temps par un jeune George Cukor sous la supervision de Lubitsch, puis retourné par le maestro, insatisfait du résultat de son pupille. Une heure près de toi met en scène un couple heureux de Parisiens, mariés depuis trois ans, qui voient leur relation chamboulée par l'arrivée de la fameuse Mitzi. Meilleure amie de Madame, cette femme volage, bien qu'elle-même mariée, jette en effet son dévolu sur Monsieur. L'époux trompé de celle-ci, en quête d'un divorce à son avantage, ne fait bien entendu rien pour l'en empêcher, et les tourtereaux se retrouvent ainsi confrontés, André Bertier aux avances de Mitzi, Colette à celles d'Adolphe, son pathétique soupirant.
Comme souvent chez Lubitsch, il est question de mariage, de vie conjugale et d'infidélité, le tout étant présenté sous un œil malicieux, irrévérencieux, mais foncièrement bienveillant. Moins connu que les grands chefs-d'œuvre du réalisateur, le film - qui comprend quelques sympathiques passages chantés - n'est pas exempt de menus défauts, comme quelques baisses de rythme çà et là, en dépit de sa courte durée. Il n'est en revanche pas dénué de morceaux de bravoure, de son ouverture où les flics de Paris déclarent ouverte la chasse aux amoureux des bancs publics, au dîner mondain chez les Bertier, en passant par la première scène dans le taxi, ou encore la consultation médicale. On notera aussi quelques détails amusants, comme les passages où les acteurs s'adressent directement au spectateur, ou encore le nom du magistrat chargé de juger le divorce : « Le Cornu »... Enfin, au milieu des ravissantes Jeannette MacDonald et Geneviève Tobin, Maurice Chevalier est absolument impayable avec son canotier, ses mimiques et son sacré accent français ! Pas du grand Lubitsch, mais du pur Lubitsch, donc du bon Lubitsch.