Version cinéma (non "Director’s cut")
Cinquième long-métrage pour Dennis Hopper qui réalise ici un film d’action flirtant avec le thriller érotique (et parfois involontairement avec la comédie). Il désavoua son film avant même qu’il ne sorte en salles, raison pour laquelle il est crédité sous le pseudonyme d'Alan Smithee (un pseudo qui était régulièrement employé par les cinéastes lorsque ces derniers souhaitaient renier leur film quand ils n’avaient pas été en mesure d’exercer pleinement un contrôle créatif dessus). Raison pour laquelle, le film possède d’ailleurs plusieurs versions (et titres). Exploité en salles sous le nom de "Catchfire" (avec 30min coupées au montage), puis exploité à la télé et édité en vidéo sous le titre de "Backtrack", pour lequel Dennis Hopper obtenu le director’s cut et fut crédité au générique.
Une trop belle cible (1990) avait tout pour être une réussite, à commencer par son casting (trop) dantesque et réussit (Jodie Foster, Joe Pesci, Dean Stockwell, Vincent Price, John Turturro, Fred Ward, Bob Dylan & Charlie Sheen) et un scénario digne d'un Hitchcock ou De Palma. Sauf que… l’engouement pour ce film s’arrête là une fois que l’on en a pris connaissance. Si le casting vend du rêve, il faudra en réalité s’en contenter de peu (Vincent Price & Charlie Sheen apparaissent dans seulement deux scènes (!) et quant à Bob Dylan, totalement méconnaissable en artiste conceptuel munie d’une tronçonneuse, il apparaît à peine une minute. Quant au reste de l’équipe, les ¾ sont relégués en second plan pour ne laisser qu’en première ligne, Hopper & Foster). Et concernant le scénario, il s’avère à la fois incohérent et lourdement invraisemblable.
C’est d’autant regrettable que Jodie Foster nous offre ici une très remarquable prestation (et je ne fais pas seulement référence à la séquence du porte-jarretelle ❤). A 27ans lors du tournage, elle illumine de sa présence chacune de ses apparitions, face à un Dennis Hopper qui semble s’être égaré, entre cabotinage et moment WTF (pourquoi se met-il à jouer du saxophone à des moments inappropriés ?). Leur relation dépasse l’entendement, on est même au-delà du syndrome de Stockholm, puisque leur amourette bascule d’une scène à l’autre, c’est à n’y rien comprendre.
La mise en scène expédie sans cesse tout ce qu’elle entreprend et nous offre bon nombre de moments ahurissants (la course-poursuite en hélicoptère et son crash en modèle réduit), voir désastreux (comme ce final bâclé dans la raffinerie, pour ne pas dire torché à la truelle et avec des SFX pourraves).
Étonnamment, le film se regarde sans trop de déplaisir, mais cela nous fait du mal de voir tant de grands acteurs s’empêtrer dans un thriller si décevant. Un gâchis incompréhensible qui vaut la peine d’être vue uniquement pour la prestation envoutante (et entêtante) de la sublime Jodie Foster.
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