Renié par Dennis Hopper au point de demander à ce que son nom n'apparaisse pas comme metteur en scène, « Catchfire » est de ces films dont on ne sait pas trop quoi penser. Si le rejet de l'acteur-réalisateur quant au montage final paraît bien exagéré, le résultat final n'en est pas moins déconcertant. Après une introduction très classique mais bien menée, l'œuvre semble prendre la tournure d'un thriller classique, efficace à défaut d'être surprenant. C'est le cas durant une heure, avant qu'Hopper change de registre de façon aussi radicale qu'inattendue. Alors au moins, cela a le mérite de l'originalité et de prendre le spectateur par surprise, quitte à rendre la psychologie des personnages (et notamment de l'héroïne) totalement invraisemblable.
Ce choix a beau être assumé, celui-ci nuit clairement à la cohérence de l'intrigue, voire à notre intérêt pour les deux héros, loin de l'image donnée précédemment. Heureusement, l'auteur d' « Easy Rider » peut compter sur un casting proprement ahurissant pour nous procurer un minimum de plaisir du début à la fin (lui-même donc, Jodie Foster, Joe Pesci, Dean Stockwell, Vincent Price, John Turturro, Fred Ward, Charlie Sheen et même Bob Dylan dans une curieuse apparition !), sans oublier un dénouement un peu plus dynamique, à défaut d'être vraiment réussi. Je salue l'audace, la tentative de renouveler un genre très balisé par une personnalité décidément vraiment underground (à l'image d'un choix de décors souvent surprenant), mais force est de reconnaître qu'ici, celui-ci s'est un peu manqué.