Le film s'ouvre sur une scène qu'on sait entièrement fausse : coupez ! Le réalisateur, Anson Mount sans barbe, confirme d'emblée les soupçons : là où Urban Legend s'inspirait librement de Scream, Urban Legend 2 confirme son statut de franchise remake en reprenant trait pour trait le principe fondateur de l'intrigue de Scream 2 : les cours sur le septième art comme biais d'exploration des obsessions et motivations du serial-killer.


Les crimes se dérouleront en effet dans une école de cinéma, lieu propice pour mettre en scène le spectacle d'un théâtre ensanglanté. A la différence de Scream 2, qui se servait du contexte de son décors afin d'aborder la place des suites au cinéma par une mise en abîme relativement convaincante et basée sur des références cinématographiques solides, que Wes Craven reprenait seulement dans son écriture, jamais dans sa mise en scène (contrairement à Scream premier du nom).


Urban Legend 2 se contente, quant à lui, du contexte de l'école de cinéma en guise de prétexte pour un scénario qui se la joue malin en apparences, mais s'avère rapidement incapable d'apporter autre chose au spectateur qu'une reprise sans conviction des clichés et poncifs du genre. Sans autre propos à soumettre qu'une vague critique de la jalousie causée par l'ambition et l'égoïsme, secondée d'une pathétique vision du succès (particulièrement concernant les professeurs), cette première suite s'engouffre sauvagement dans une copie conforme de Scream 2, sans avoir compris le sens du travail de Craven et Williamson : il ne garde des possibilités nombreuses qu'offre le contexte de son intrigue que de vagues allusions à d'autres grands films, bien plus rares que dans Scream; cela, au moins, est agréable.


Il n'en reste pas moins un film qui se la joue : de son principe aguicheur - tuer des cinéastes en herbe selon des légendes urbaines - auquel il ajoutait, le temps d'une scène, la perspective prometteuse d'une mise en abîme du film du meurtrier dans le film des étudiants (lui-même dans le film de la Columbia), Urban Legend 2 ne retient qu'un environnement de divertissements aux opportunités multiples qu'il n'exploite jamais, des costumes aux décors, des caméra infrarouges aux indices que le meurtrier aurait pu laisser pour rendre hommage au 7ème art (nommer un prix du nom d'Hitchcock ne suffisant clairement pas). Le fait qu'il tourne le dos à toutes ces possibilités prouve son manque d'imagination, qu'il essaie d'ailleurs de dissimuler derrière une montagne d'emprunts et de stéréotypes vains.


Frère jumeau sorti de la manche du scénariste, masque blanc à la sous-Jason que n'aurait pas renié la série Scream, l'horreur qui s'incruste sur le tournage comme dans Freddy sort de la nuit, ou bien l'intrigue et le dénouement de Scream 2 (en encore plus grotesque, ce qui représente déjà une prouesse extraordinaire),... Ces éléments balancés dans n'importe quel ordre attestent de la personnalité de mauvais élève de cette trilogie : n'ayant pas suffisamment intégré ses cours pour pondre une copie correcte, il reproduit le travail des autres (principalement celui de l'élève Craven, major de sa promo) sans en avoir saisi l'essence. Refaire sans comprendre, c'est bien là la marque des cancres.


Ainsi, quoi de plus logique qu'il écope d'une mauvaise note, le rendu final tenant plus de l'esquisse de devoir que d'un projet véritablement abouti. Parce qu'il laisse l'impression de n'avoir pas été fini, le retour en fin de bobine de l'antagoniste du premier volet achève sa tentative ratée de paraître toujours plus cool et surprenant. Urban Legend 2, en se souciant trop des apparences, perd toute la sincérité du cinéma de genre décomplexé : il semble n'exister que par le prisme du regard de son public, comme s'il n'était motivé à avancer dans son intrigue que par le fait de le convaincre de son efficacité.


Idéal qu'il n'atteint jamais, empêtré dans sa mise en scène inefficace et ses clichés verbeux. Dans sa quête sans fond de constamment séduire son public par la surprise, il prend la relève du premier en terme de révélation finale absurde : il parvient, c'est certain, à atteindre son but (l'inattendu) au détriment cependant de toute cohérence narrative. Et tout comme son modèle, Urban Legend 2 se conclue dans un bordel scénaristique complet qui vient foutre en l'air toutes ses tentatives de construction d'une intrigue crédible et réaliste.


L'action, grotesque parce qu'elle essaie de poser de façon classe comme l'enfant bâtard de Wes Craven et Quentin Tarantino, conclue l'intrigue en trouvant finalement un sens à son plagiat constant : n'est-il pas ironique de ne mener le spectateur nul part lorsqu'on se termine sur un ersatz d'impasse mexicaine? La véritable fin, façon Les Looney Tunes passent à l'action, vous apprendra qu'il est encore pire de conclure sur un ersatz de l'ersatz de Scream (lui-même ersatz d'un genre entier), Stab. A bien y repenser, Urban Legend 2 est finalement moins proche de Scream 2 que de Scary Scream Movie.

FloBerne

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