A l’époque de Trump, de Fillon et de la Manif’ pour tous, il est toujours agréable de voir que des messages forts passent dans des œuvres populaires.
N’attendez pas ici une critique exhaustive du scénario, des graphismes ou des chansons de ce Disney et puisque après tout senscritique peut servir à ça, je préfère vous raconter ce qu’il m’a évoqué.
Vaiana est une héroïne qui fait du bien.
Au-delà du fait que j’adhère au principe des chansons et des persos ayant l’apparence de poupées, c’est un dessin animé qui raconte l’histoire d’une fille. Disney nous avait déjà fait le coup avec la Reine des neiges et l’avait initié avec Raiponce et la Princesse et la grenouille.
C’est une fille ordinaire avec un destin extraordinaire. Elle n’est pas parfaite comme l’étaient les sirupeux princes charmants des vieilles histoires (seules sont parfaites les femmes dont on tombe en amour). Elle a ses qualités, ses défauts, ses maladresses. Elle est drôle, touchante, inexpérimentée, courageuse et plein d’autres trucs. Vaiana c’est un être humain qui décide de prendre son destin en main (et elle a un putain de destin).
En France, les droits de la femme sont sans cesse remis en question. Que ce soit à travers l’idée qu’une femme ne peut pas disposer de son corps s’il porte la vie ou à travers les différences salariales. Je pense que plus nous montrerons des œuvres comme Vaiana à nos enfants, moins ils auront l’idée saugrenue de revenir sur ces droits fondamentaux.
Mais ce que je trouve intéressant au-delà du clivage féministe qui tendrait à dire que les femmes peuvent se débrouiller sans les hommes, c’est que Vaiana a toujours besoin d’aide. Elle a besoin d’apprendre à naviguer, elle a besoin qu’on la guide, qu’on l’accompagne mais c’est toujours dans l’esprit du collectif que cette aide lui est apportée. Parce qu’elle sait qu’elle ne pourra pas s’en sortir seule, elle galvanise, convainc et apporte de l’aide à son tour quand le besoin s’en fait ressentir.
C’est une œuvre profondément humaine et le fait que ce destin exceptionnel échoit sur une femme a une résonance particulière à cette époque où l’individualisme prime sur beaucoup de valeurs collectives (alors que toutes les victoires humaines sont collectives et les échecs presque toujours individuels). Disney nous apprends que seul, au-delà de notre sexe et de nos différences, on y arrivera pas. Je trouve que c’est une valeur essentielle qu’on oublie trop souvent de rappeler à nos enfants.
Chaque jour à la radio, à la télé, dans nos médias, on nous rabâche les différences, on prône l’individualisme, on encourage plus les gens à se conformer qu’à prendre leur destinée en main. Et ce Disney vient nous rappeler à l’idée d’un collectif simple, rassurant, enthousiaste et sans jugement.
Voilà ce que j’ai vu dans ce dessin animé. Je suis heureux que Disney véhicule ce genre de message avec autant de force et apprenne à nos enfants l’inverse de ce qu’ils entendent chaque jour.
L’ironie c’est tout de même que ce Disney aux valeurs si fortes à mes yeux soit issu du pays des discriminations, de l’indifférence et de la phallocratie la plus dure des hommes blancs. C’est ironique et savoureux à la fois. J’entends déjà gueuler une masse nauséabonde avec des idées périmées sur des chemins battus d’avance mais ils ne sont rien, ce dessin animé nous le rappelle.
Ceux qui l’auront vu comprendront mais pour conclure je dirais juste que cette Vaiana n’est pas n’importe quelle poulette.