Une seule scène pourrait résumer Vaiana : La Légende du Bout du Monde. Celle où le père de l'héroïne lui dit qu'ils sont en sécurité sur l'île, figurée ici dans cette hutte sous laquelle ils se trouvent, alors même que cette petite fille écarte les tentures tribales et semble être irrésistiblement attirée par le bleu de l'océan, répondant à l'appel de l'aventure et du grand large, par delà le récif.
Car ici, il est question, entre autres, de préservation de l'héritage et des traditions, ou de retour aux sources des légendes, conciliés avec l'idée d'une évolution nécessaire. Il est difficile à ce titre d'ignorer, pendant la séance, les multiples références au passé du studio, alors que la 3D, encore une fois, s'anime de superbe manière, magnifique, maîtrisée, chatoyante.
Vaiana reprend tout d'abord, presque quinze ans après, le trait rond et les personnages potelés de Lilo & Stitch, tout comme ses décors paradisiaques, gourmands et lumineux. L'animation 3D accentue d'ailleurs encore un peu plus cette rondeur. Pas mal d'autres longs métrages Disney seront convoqués à un moment ou à un autre, comme Hercule, en remplaçant les illustrations d'amphores par des tatouages animés, La Planète au Trésor, le temps de quelques plans, La Petite Sirène, ou encore Aladdin, avec un demi dieu métamorphe lointain cousin de l'exubérant génie de la lampe. Même chose derrière la caméra, où les noms de John Musker et Ron Clements font le lien avec les succès à répétition d'années 90 disneyiennes dorées .
Dans cette droite ligne, Vaiana, par le spectacle qu'il convoque et l'invitation au voyage qu'il lance au public, renoue avec cette magie qui fait tout le charme d'une production Disney. Au point, pour moi, de le hisser à la première place 2016 pour le studio, de manière bien plus évidente qu'un Zootopie qui, malgré son statut de succès du début d'année, accusait quelques baisses de rythme et une certaine infantilisation de son propos, et ce même si une certaine originalité était déployée.
En effet, comment résister aux paysages merveilleux dans lesquels l'histoire se déroule ? Comment résister à sa charmante héroïne immédiatement attachante, mignonne et forte ? Comment ne pas exulter sur son fauteuil rouge, quand Vaiana prend des airs de film d'aventures frénétique en convoquant des images tout droit tirées de Mad Max, au cours d'une incroyable scène d'abordage ? Enfin, comment ne pas taper des pieds pour battre la mesure de numéros musicaux tels que Shiny, avec son crabe gigantesque qui se croit au milieu d'une scène de cabaret ? Et ces chansons inspirées, dont le sublime How Far Will I Go ? qui feront sans remord oublier Libérée, Délivrée, et qui ne sentent pas le placement produit, pas comme dans Zootopie, je vous en avais déjà parlé ?
Tout cela, dans une excellence technique de tous les instants, et une beauté graphique à couper le souffle, décuplant l'impact émotionnel de certaines séquences, tout comme l'appel de l'aventure que l'héroïne ressent, loin des canons de la princesse Disney habituelle, dans une oeuvre où le prince cède sa place à un demi-dieu tatoué, fat et narcissique, en quête de la reconnaissance des hommes.
Tour à tour dépaysant, charmant, émouvant, trépidant, porté par une culture polynésienne intéressante tant dans son imagerie que dans ses rythmes, Vaiana : La Légende du Bout du Monde s'envisage comme une très jolie chanson invitant à l'ouverture aux autres, comme un voyage merveilleux et solaire où le bleu de l'eau resplendit, où la magie est le maître mot, l'essence des grand chefs d'oeuvres Disney.
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