Une vieille légende polynésienne raconte que si la nature dépérit, c’est à cause du demi-dieu Maui (voix originale : Dwayne Johnson), qui a volé le cœur de l’île mère Te Fiti, déesse de la nature, lui ôtant par la même son pouvoir créateur. Fille du chef de la tribu de l'île Motunui, Vaiana (voix : Auli’i Cravalho) est choisie dès son plus jeune âge par l’océan pour ramener le cœur à sa propriétaire. Elle va braver l’interdiction de son père et se lancer dans un immense périple à travers l’océan pour partir à la recherche de Maui et rendre son coeur à Te Fiti.
Réalisé par des vétérans des studios Disney, réalisateurs d'Hercule, Basil, détective privé, Aladdin, La Petite sirène, La Planète au trésor, La Princesse et la grenouille, Vaiana surprend d’abord par son classicisme. Un classicisme peut-être un peu trop présent, d’ailleurs, le schéma narratif ayant un fort air de déjà-vu : une jeune fille qui désobéit à des parents surprotecteurs pour aller sauver son peuple en traversant des contrées hostiles et en accomplissant des actions héroïques, on n’ira pas dire que l’originalité étouffe un tel scénario…
Cela dit, ça n’entrave en aucun cas le plaisir qu’on prend à un spectacle aussi complet. Un visuel ébouriffant de réalisme et d’ampleur, allié à des chansons dans l’ensemble agréables et qui parviennent à ne pas entraver la fluidité narrative, fait de Vaiana un moment d’émerveillement intense, durant lequel on retrouve avec plaisir notre âme d’enfant. On notera aussi une utilisation intelligente de la 2D, que ce soit grâce aux tatouages de Maui, ou
lors du conflit avec Tamatoa.
Les personnages auraient, eux, mérité d’être un peu plus étoffés pour qu’on s’y attache pleinement (notamment Maui), d’autant que le film pèche par un trop grand manque de personnages. L’humour y remédie heureusement, exploitant sans lourdeur le pouvoir de métamorphose de Maui, ainsi que son tatouage vivant, de manière parfois hilarante. N'oublions pas non plus le coq Hei Hei, un sidekick aussi amusant qu'inutile (donc très amusant !). Quelques références subtiles (Mad Max : Fury Road avec des noix de coco !) ou pas (l’allusion à Twitter, qui arrive comme un cheveu sur la soupe) achèvent de rythmer un film qui n’en souffre pas moins de quelques temps morts, mais qui ne manque jamais de magie et d’héroïsme.
Vaiana n’arrive donc pas à se hausser au statut de chef-d’œuvre (on ne peut pas sortir un Roi Lion tous les ans !), mais reste un excellent Disney, tour à tour poétique, hilarant, épique, et qui ne manquera pas de séduire tous les publics.