Je ne m'attarderai pas sur les points déja évoqués une centaine de fois ici et ailleurs (dire que graphismes, animations et BO sont au top ne veut pas dire grand chose quand on parle de ce mastodonte du divertissement familial qu'est Disney) mais plus sur les inattendus messages sous jacents que propose le dernier né des studios de la petite souris aux grandes oreilles.
Tout le film porte sur la quête d'identité. Vaiana cherche constamment comment se définir: est-elle fille de chef? L'Elue qui sauvera le monde selon une légende ancestrale? Non. Elle est Vaiana d'abord et avant tout comme elle le clame fièrement dans l'une des dernières chansons. Sa grand-mère lui donne la clé dès le début du film : "tu iras jusqu'à Maui et tu diras "Je suis Vaiana de Motonui"". La répétition de l'éternelle question philosophique "Qui je suis et d'où je viens?" est frappante au fil des chansons.
Maui, le demi-dieu, croit à tort que seul son hameçon magique le définit et que sans lui "il n'est rien", et Te Fiti oublia son identité quand son cœur, qui la caractérisait, lui fut arraché. Là encore il y a une réflexion constante sur ce qui fait ce que nous sommes.
La voyage de Vaiana n'est pas seulement salvateur pour le monde mais salvateur pour ces trois personnages qui à la fin de l'aventure se retrouvent grandis et en harmonie avec eux-mêmes. Le peuple, réconcilié avec son passé d'explorateurs et guidé par une chef plus fière que jamais, est heureux et épanoui.
Le message écologique n'est pas martelé mais fait tout en finesse et en beauté. A vouloir trop avoir, même le pouvoir de la création, on finit par se brûler les ailes. La nature se retournant contre les hommes trop orgueilleux, voilà une problématique intemporelle. Te Fiti est par ailleurs absolument magnifique, rappelant bien entendu L'Oiseau de Feu dans Fantasia 2000. Aussi, par des jeux de proportions très intéressants, le film montre combien les humains sont un grain de poussière par rapport au vaste monde. Vaiana est une jeune fille élancée mais paraît minuscule face à Maui qui lui n'est rien face à Tamatoa etc. et on arrive à l'Océan aux profondeurs insondables et à l'étendue infinie.
Ce qu'il y a aussi d'intéressant et de (très) novateur avec Vaiana, c'est qu'elle est sociable et parfaitement intégrée. Nul ne remet en doute ses capacités à gérer son futur poste, et ça, ça fait sacrément du bien puisqu'elle a tout intérêt à rester. Forte, mature, responsable, autonome, très courageuse, elle ne quitte son île que pour un noble but, pas par "égoïsme ". Si elle a des moments de doutes, ils sont parfaitement justifiés et surtout...elle de débrouille toute seule la plupart du temps. Maui ne l'aide vraiment qu'à la toute fin et encore, elle a déjà fait la majeure partie du boulot (grâce à ce que Maui lui a appris notamment sa manière de manœuvrer quand ils ont été confrontés aux pirates noix de coco). Il ne vient que pour assurer ses arrières contre Te Ka.
Le film est donc aussi un plaidoyer féministe très bien venu, les personnages féminins étant tous très positifs.
Vaiana, la légende du bout du monde se révèle donc étonnement mature. J'ai beaucoup aimé ce film pour cette originalité et cette modernité très bien venue de la part de Disney même si on peut regretter quelques soucis de rythme et une trop grande linéarité dans les péripéties bien que je puisse comprendre son utilité.
Les enfants (je conseillerais à partir de 6 ans parce que j'ai vu trop de petits en bas âge s'ennuyer pendant certaines parties du film, particulièrement pendant des scènes de dialogues assez longues mais pourtant cruciales...) pourront se réjouir des belles couleurs, de l'aventure, des scènes d'action et des jolis personnages. Les adultes pourront en plus se délecter de la réflexion ingénieuse derrière tout ça.