Ils sont là, mais lorsque l’on s’en rend compte, il est déjà trop tard. Terrés dans la nuit depuis les origines des temps, ils se faufilent parmi les humains afin de les transformer et, petit à petit, de les éliminer. Mais certains résistent, s’armant pour résister à cet ennemi de plus en plus difficile à vaincre. Ils sont là, les Vampires.
A la fin des années 1990, voilà que John Carpenter en est à son quinzième long-métrage réalisé pour le cinéma. Alors que la liste s’allonge, le maître de l’horreur ne semble pas en avoir fini, et après une parenthèse fantastico-horrifique avec L’Antre de la Folie et Le Village des Damnés, le cinéaste revient à ses premières amours : le western. On le sait, c’est un des genres qui a le plus influencé John Carpenter au long de sa carrière, et si tous les films ne sont pas forcément très marqués par son empreinte, c’est bien le cas ici. Car Vampires est largement influencé par le genre et s’apparente à ce que l’on pourrait qualifier de western fantastique. S’ouvrant sur de grands décors désertiques baignant dans une lumière orangée, Vampires nous ferait presque imaginer que nous sommes chez John Ford. Mais la tournure est tout à fait différente.
Car lorsque l’on voit débarquer James Woods en total noir et cuir, lunettes de soleil sur les yeux, armé d’une arbalète, on range nos classiques et on s’apprête à s’embarquer dans un vrai trip dont seul John Carpenter avait le secret. Cette courte description du début du film nous ferait presque croire que nous parlons d’un nanar, mais ce n’est, heureusement, pas le cas. Car Vampires a beau avoir un aspect très divertissant, basé sur une intrigue fantastique appelant notre imaginaire, concernant notamment les vampires, célèbres créatures ancrées dans l’imaginaire commun, il s’aventure sur les éternels sentiers empruntés par le cinéaste tout au long de sa filmographie. En effet, à travers les vampires, créatures surhumaines œuvrant dans l’ombre, à l’apparence relativement humaine mais cherchant à dominer l’humanité, c’est une nouvelle vision d’un mal destructeur qui se manifeste chez Carpenter.
Un mal basé sur la soif de sang, une idée de la perfection également construite sur la capacité à devenir immortel, autre éternel fantasme de l’humanité. Autant que la résistance est nécessaire, la tentation est également grande, affectant notamment les ecclésiastiques, qui en prennent une nouvelle fois pour leur grade. Mais, dans ce film, Carpenter semble surtout s’amuser. S’il y avait toujours un aspect divertissant dans ses œuvres, celle-ci s’avère vraiment décomplexée. Comme si le « maître de l’horreur » décidait de jouer de son propre statut pour se moquer des nombreux films d’horreur médiocres, tout en montrant qu’il maîtrise mieux son sujet que les autres. Car Vampires est un pur film bis, n’hésitant pas à flirter dangereusement avec le nanar, avec ses personnages stéréotypés et son côté théâtral. Difficile de le prendre au pied de la lettre tant le cinéaste semble montrer qu’il ne faut pas le faire, mais il serait injuste, d’un autre côté, de s’arrêter uniquement à ce que l’on voit en surface.
Avec Vampires, John Carpenter semble se relâcher et se rebeller un peu. On est loin d’être face à un mauvais film, car si Vampires n’est pas un Carpenter « majeur », il propose des choses intéressantes avec ce curieux mix vampires/western. Ce film montre surtout que Carpenter, au-delà d’être un grand auteur et homme de cinéma, savait aussi se faire plaisir, et être plus décomplexé, mais jamais en vain, n’hésitant même pas à se montrer un brin taquin et moqueur. Un bon divertissement, où le cinéaste se livre totalement dans un film généreux et assumé.