White Riot, en plus d'être le titre d'une belle chanson des Clash, est le titre d'un documentaire de Rubika Shah dans nos salles au moment où j'écris cette critique. Le documentaire se propose de nous conter l'histoire de l'Angleterre des années 70, en pleine crise économique et son lot de chômage et de tensions sociales. Plus précisément, le film s'attarde sur Rock Against Racism, un mouvement plutôt à gauche qui s'est créé en opposition au racisme et au nationalisme montant, représenté par le National Front, un parti qui n'est pas sans en rappeler un autre de notre côté de la Manche. Ce mouvement, ciblant d'abord la jeunesse, se basera sur leur journal et sur la culture musicale punk pour porter son combat dans la société anglaise de l'époque.
Le métrage retrace donc l'histoire du mouvement, ponctuant le récit d'interviews réalisées à notre époque d'ancien membres éminents du mouvement. Ainsi, comme on peut s'y attendre, le documentaire est orienté et présente principalement le point de vue du mouvement, se battant pour la justice contre les méchants nazis d'en face. Vous l'aurez compris, c'est mon principal reproche au film, ça enfonce des portes ouvertes et c'est assez caricatural.
Si l'on apprend pas mal de choses sur le mouvement et sur cette période du Royaume-Uni, que je ne connais pas forcément, on regrette une certaine pauvreté du propos. Globalement, tout le film expose les méchants comme étant des racistes nazis voulant instaurer une sorte de Reich à l'anglaise en corrompant la population affaiblie par la pauvreté, et en étant violents. A l'inverse, nos héros vont faire des concerts dans tout le pays, envers et contre tous, pour rétablir la paix et l'amour des autres. Alors, si je ne renie pas le racisme certainement présent dans la société de l'époque et la violence qui pouvait régner dans les villes, et en particulier dans les quartiers les plus pauvres, je trouve tout de même que la réflexion, en plus d'être vue et revue, manque de profondeur.
En particulier, le film ne va à aucun moment remettre en question ses héros, ou prendre un autre point de vue ou même essayer de comprendre les mécanismes en jeu. Le pire, c'est qu'à quelque moments, des sujets essentiels se dessinent, au détour de quelques phrases. En particulier, le leader des Clash et un autre leader de je sais plus quel groupe avaient l'air d'avoir une vision un peu plus nuancée. On les entends plusieurs fois parler du travail, du chômage et le de la violence et la misère économique. Car c'est dans cette analyse sociale, marxiste ou non, que le documentaire aurait pu gagner en profondeur.
Bref, j'aurais aimé un auteur plus présent et une prise de recul du film sur son sujet. Cependant, il est tout de même intéressant de se plonger dans cette contre-culture punk et dans cette époque.