--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au douzième épisode de la cinquième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/Secret_of_the_Witch/2727219
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---
Allez, en scelle pour la dernière curiosité des années 80 du mois. Et déjà leur goût si particulier s’étiole sur cet ultime film. Car Willow, bien que cheap, n’en a pour autant pas le kitsch du Legend qui ouvrait le bal. En fait, et malgré un scénario haut en couleurs, Willow ne fait pas vraiment preuve de la démesure de son époque.
Pas grave, pourrait-on penser, il y a des tas de films qui ne font pas dans l’outrancier, et qui parviennent à tomber dans le juste, dans le sensible, dans le réussi. Je ne dirai pourtant pas que Willow fait partie de cette deuxième catégorie non plus. Et malgré tout, je ne pense pas plus que le film soit complètement raté. Simplement, il s’en dégage une odeur d’ennui sous-jacente, de facilité et de manque d’audace qui rend le film dramatiquement quelconque. Loin de moi l’idée de faire un parallèle un peu capillotracté avec la saga du début des années 2000 de notre bon ami Peter Jackson, Willow souffre tout de même de 15 ans d’évolution des technologies de moins, il serait injuste de les lui reprocher. Pour autant, je peux sans injustice le blâmer d’être une adaptation non-assumée de la trilogie de notre autre bon ami J. R. R. Tolkien. On retrouve donc un bande de faux-hobbits, vivant joyeusement entre agriculture et fête du village, une vie simple et un peu couarde, à l’écart du reste du monde, plus violent et conquérant. Pourtant pas de bol, Bilbot… oups, Willow, trouve un bébé, qui va le conduire à traverser ce monde dangereux et rencontrer les autres peuples qui l’habitent pour les sauver tous. D’ailleurs ledit bébé, bien qu’effectivement assez éloigné sur le papier de l’anneau de Tolkien, n’en a pour autant pas beaucoup plus d’utilité. A part pour quelques blagues de vomi pas très poussées, et des risettes pour adoucir le spectateur s’il commençait à trouver le film vaguement chiant, notre bébé est transporté comme une marchandise du point A au point B. On le retrouve déposé sur un pont en flammes, ou en croupe d’un cheval au beau milieu d’une bataille armée, sans que qui que ce soit semble s’en affoler. Après nous avoir présenté tout le bestiaire du monde alternatif présenté, avec autant d’intérêt qu’on feuilletterai un catalogue de la LPO, et avoir embarqué les plus attirants spécimens au passage (c’est moi au Val Kilmer a des faux-airs de John Travolta avec sa chevelure elfique noire?), notre petite clique se retrouve finalement devant la méchante reine de Blanche-Neige, que personne arrive à tuer, mais c’est pas grave parce qu’elle est frappée par la foudre, et voila, tout le monde est content. Entre temps, on aura eu le droit à des SFX en pagaille pas toujours très réussis (je ne blâme pas le fait qu’on soit en 1988, simplement qu’un film talentueux est sensé faire avec ses moyens, et non chercher à tout prix à montrer ce qu’il n’est capable de produire correctement. La transformation en cochons avec du maquillage réfléchi et un montage intelligent, oui ; les lutins mal incrustés à toutes les sauces, non.), un bruiteur appréciant particulièrement le comique de répétition (le cri Wilhelm 4 fois, faut peut-être pas pousser), et surtout un montage digne des plus belles vidéo de vacances (les transitions volets entre toutes les séquences, au secours!).
Mis à part ces quelques petits détails techniques, le film n’a rien de honteux non plus. C’est un divertissement passable, agrémenté de musiques passable et d’images passables. Je suis assez charmé par ces sorcières certes peu originales, mais auxquelles on consacre un temps d’écran conséquent, une très jolie baguette en bois noueux, et des pouvoirs pas toujours très cohérents, mais au moins divertissants. Je conclurai tout de même en soulignant que malgré la carrière prolifique du rôle-titre, c’est certainement l’un des seuls rôles de Warwick Davis ou celui-ci n’incarne pas « le nain ». Certes son nanisme aura été une condition sine qua none à son embauche initiale, mais cette caractéristique physique s’efface bien vite, cédant le pas à un personnage peut-être un peu cliché dans son archétype du héro courageux, mais du reste un minimum travaillé, et surtout basé comme la plupart des rôles de cinéma sur des caractéristiques morales et psychologiques, et non pas uniquement physiques. J’aime bien ça.