Pour sa quatrième collaboration avec Jack Nicholson, le réalisateur Mike Nichols change radicalement de registre et s'attaque au fantastique et en particulier au film de loup-garou, alors quelque peu délaissé dans les années 90. En effet, depuis Peur Bleue et la comédie Teen Wolf, aucun film n'avait vraiment marqué les mémoires et ce qui suivit n'était que des nanars immondes ou des suites cheap. Mais Nichols n'est pas un yes-man sans talent, c'est un auteur, et il va nous livrer avec Wolf un véritable bouleversement dans le genre...
Comme l'était Aux frontières de l'aube pour le film de vampires, Wolf ne prononce jamais le terme 'loup-garou' et va introduire le mythe du lycanthrope de manière extrêmement moderne, oubliant les classiques chasses au monstre ou autres sortilèges mystiques pour se concentrer sur la transformation progressive d'un homme lambda en une bête sauvage. Cet homme lambda c'est donc Jack Nicholson, inattendu et par conséquent parfait dans le rôle principal aux côtés de la sublime Michelle Pfeiffer et du sous-estimé David Spade, ici excellent en rival insidieux.
Quant au scénario, l'intrigue nous amène peu à peu dans une sombre romance accompagnée d'une histoire fantastique haletante. La mise en scène de Nichols est donc sobre mais réussie, les quelques effets spéciaux et surtout maquillages seyant comme il se doit ce long-métrage privilégiant l'atmosphère aux scènes-choc.
Bien entendu, de nombreuses séquences dites d'action viennent dynamiser le film comme l'agression de Will dans Central Park ou encore l'affrontement final (notez que celui-ci a été entièrement retourné pour on ne sait quelle raison). Ponctué de passages mémorables (« Je ne fais que marquer mon territoire. »), d'une photographie magnifique et de la musique toujours aussi immersive d'Ennio Morricone, Wolf reste sans conteste l'un des meilleurs films de loups-garous qu'il soit et sans nul doute le meilleurs des années 90.