Wolfcop
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Wolfcop

Film de Lowell Dean (2014)

---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au dernier chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Beauty_of_the_Beast/1620017#page-1/
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


Ça y est je suis rentrée. J’ai retrouvé ma jeune meute hier. Ils étaient comme des louveteaux abandonnés retrouvant enfin leurs mère. Dans le programme des prochains jours, il y aura leur enseigner la dignité, mais ce n’est pas le plus urgent. J’ai commencé leur apprentissage. J’ai beaucoup à leur reprocher mais pas un manque de volonté ni d’intelligence. Ils apprennent vite. Ce sera une bonne meute. Un bon renouveau.
J’ai donc lancé le dernier film du mois avec beaucoup plus de joie que je ne m’y attendais. Lycaon ne me manque pas encore, et c’est tout naturel après avoir vécu une séparation longue de plusieurs siècles. Et cela tombe bien, car comme l’année dernière, le mois se termine par un ovni de type comédie. Et la comparaison avec Vampire en toute intimité s’arrêtera là, car le Wolfcop de ce soir n’a rien du génie habile, de la brillantissime justesse qu’était l’hilarant film conclusion de novembre dernier.
Wolfcop est lourd. Wolfcop est régressif. Et Wolfcop n’est vraiment, vraiment pas drôle. La seule blague qui aura réussi à me faire sourire, c’est le fait que le type s’appelle Lou Garou. Et c’est être très indulgente, car déjà effectivement ça vole pas haut, mais en plus c’est soit très lourd pour le spectateur francophone, soit totalement transparent pour le spectateur de n’importe quel autre langue : honnêtement, qui sait dire loup-garou dans une autre langue que la sienne? Et c’est pourtant la blague la moins lourde du film, parce qu’ensuite, on enchaîne les gags sur l’alcool, le sexe et, comble du fun, la zoophilie. Bah ouais c’est marrant la zoophilie… En fait le problème principal à mes yeux c’est que le film n’exploite pas du tout son sujet : ce n’est pas drôle parce que c’est un loup-garou, c’est drôle (ou censé être drôle) parce que c’est le même type pathétique dans un corps un peu rigolo et cocasse. Et en plus d’être plutôt vexée de constater qu’on peut trouver l’apparence de mon espèce cocasse, je trouve ça terriblement dommage de ne pas proposer une seconde lecture décalée du mythe qui est censé être le cœur du film, comme le faisait Vampire en toute intimité. Les gags se vautrent donc tous dans une facilité perdante et assez consternante, voir gênante.
Et ce qui est vraiment pas de bol, c’est que derrière, le film n’a rien pour se rattraper. Avec des effets spéciaux encore plus mauvais que les modestes fondus enchaînés des années 30 (nan sérieusement, cette transformation est ridicule, on a l’impression qu’il enlève son pyjama !), une bestiole, je l’ai déjà dit, vraiment moche (du type « on a découpé un ours en peluche en petit morceau et on a recollé le tout avec du latex ») et un scénario qui tente le twist mais qui en fait…bah, bof ; c’est la grande dégringolade.
Alors pourquoi 4 ?
1) pour le générique. Clairement le meilleur passage du film, avec sa musique rock, son étalonnage complètement outrancier et son montage survolté.
2) pour le jolie raccord, de l’horloge passant minuit, à la lune. Il était aussi évident que parfaitement novateur dans mes découvertes du mois.
3) pour le gang de voyous avec les masques de cochons. Si les blagues sont lourdes, les références elles étaient assez élégantes.
4) parce que pour la première fois du mois, le loup-garou n’est pas le méchant mais la victime. Et ce petit changement fait du bien.


c’est amusant finalement, car là où je reprochais hier au Chaperon Rouge d’être bon dans l’ensemble et mauvais dans le détail, c’est ici tout le contraire. Malgré ces petites perles géniales, je n’arrive pas à me défaire de mon impression poisseuse de grossièreté. Et ce qui aurait pu être un film second degré très révélateur sur l’ensemble du mythe n’est finalement qu’un essai plutôt raté et malheureusement très commun de comédie. C’est dommage. Après un mois plus que médiocre, je n’arrive même pas à conclure sur une note d’optimisme. S’il ne fallait garder qu’un film de loup-garou ce serait Les enfants loups, Ame et Yuki, et je ne l’ai pas inclus dans mes visionnages du mois. On retiendra tout de même aussi La Compagnie des Loups, par l’indétrônable Neil Jordan, et l’unique mais formidable création de la Hammer sur le sujet. Quelques autres films sont sympathiques si on s’intéresse au sujet, mais pas si on ne s’intéresse qu’au cinéma. C’est dommage et je n’arrive pas à comprendre ce qui empêche l’humain d’élever la lycanthropie dans le septième art. Ils ont pourtant réussi à le faire avec les vampires. Pourquoi nous, hommes-loups, en sommes nous privés ? Ou peut-être ont-ils simplement besoin de plus de temps ? Pour des raisons évidentes d’effet spéciaux, il a été difficile de faire des films de loup-garou dès les débuts du cinéma, et même une fois lancée, la machine avait tendance à s’enrayer trop souvent sur des questions matérielles de mise en image. Peut-être que maintenant nous sommes prêts. Le Chaperon Rouge malgré tous ses défauts était assez prometteur pour la suite, avec sa très belle créature et ses ambiances intéressantes. On commence tout juste à sortir du monstre divertissant pour aller vers de nouvelles questions : A-t-on le droit de s’attacher quand on se transforme en monstre ? Peut-on contrôler ce qu’on est ? Doit-on choisir entre une vie ou une autre ? Mon optimisme se reforme. J’ai confiance en l’avenir, en le cinéma de ma génération, et celui de la suivante. Nous élèverons le loup-garou aux cotés du vampire dans l’art du mouvement et de la lumière. Puis nous les dépasserons. A coups de crocs et de canne dandy chic.

Zalya
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le 24 août 2018

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