Un film qui m’a beaucoup fait penser à Tête brûlée, dans sa structure et les personnages, mais avec une approche et un style bien propre. Non seulement, le fil rouge et mieux défini, mieux abordé et plus intéressant ; mais également on y intègre plusieurs éléments, comme le côté road movie (ou rail movie devrait-on dire), le dépaysement total et bonifiant, les thèmes liés au deuil et à la famille, mais aussi le regard qu’on porte sur nous-même. De plus, la dynamique entre les trois frères est non seulement au cœur du récit, mais ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est qu’outre le développement par lequel chacun va passer, cette fratrie a sa propre dynamique, sa propre évolution au cours de l’intrigue, comme si elle en devenait un personnage à part entière. Cette construction est très intéressante, d’autant plus qu’elle est très bien dosée, et montre que le tout est bien plus que l’ensemble des parties. Là où le film pèche un peu, c’est dans sa conclusion, qui s’étire un peu trop. On a typiquement le film qui aurait pu finir à trois moments différents, ce qui est dommage quand le dit-film dure 1h30. Mais bon, la conclusion même sera parfaitement satisfaisante en soit.
Au niveau du casting, le trio Owen Wilson, Adrian Brody et Jason Schwartzman est vraiment top. L’alchimie entre eux fonctionne à merveille, et puis surtout chacun a un jeu propre à lui et suffisamment différent pour qu’on les distingue très facilement, que ce soit dans le langage corporel, les expressions du visage ou la façon de s’exprimer. Amara Karan et Waris Ahluwalia apportent des rôles secondaires très efficaces aussi. Techniquement, j’ai beaucoup apprécié la photographie du film, avec cette teinte très jaune mais très claire également, créant une sorte d’atmosphère béate tout au long. La bande son sera plutôt chouette également, accompagnant plutôt bien les différentes scènes où elle sera utilisée. Quant à la mise en scène, Anderson se fait un malin plaisir à se régaler et à transcender son récit. Sans forcément faire appel à des procédés extraordinaires ou spectaculaire, on sent encore une fois cette magie du savoir-faire du réalisateur qui sait où poser sa caméra et ce qu’il veut en faire. L’un des traits marquant du film seront les ralentis, qui amène une autre dynamique sur la lecture de la scène.
Bref, Wes Anderson nous signe là un film avec quelques faiblesses, mais terriblement efficace dans la façon de mettre en scène et de raconter ce road movie entre frères. Un petit régal devant lequel on passera un très bon moment.