À bord du Darjeeling Limited par Kuhn
"Darjeeling limited" fait partie de ces films qu'il faut voir plusieurs fois. La première, on est heureux de retrouver la patte de Wes Anderson : ses galeries de personnages toujours un peu à l'ouest et à moitié tristes, ses décors surannés aux couleurs criardes mais passées et ses situations à la frontière entre absurde, poignant et drôlissime. Mais on reste un peu sur sa faim, à cause de quelques longueurs et quelques petites faiblesses dans le scénario et le montage, on se dit que ce n'est pas le meilleur.
En effet, ce n'est pas le meilleur film de Wes Anderson, mais comment surpasser "The Royal Tenenbaums" ? Cependant, en le revoyant, on saisit mieux les innombrables subtilités dont regorge le film, on se sent encore plus touché par les rapports fraternels qui unissent les trois personnages principaux et on rit des détails qu'on n'avait pas saisi la première fois. Enfin, si on aime un peu l'écriture cinématographique, on se rend compte de la finesse du scénario et la précision apportée à chaque personnage.
Chacun des frères Whitman a en effet ses défauts, ses manies, son humour... mais ils ont en commun cette nonchalance et ce flegme triste qui caractérise presque tous les personnages d'Anderson. Et on ne peut s'empêcher d'avoir envie de les fréquenter ou de leur ressembler, selon qu'on se sente plus ou moins bien dans sa propre peau.
Enfin, malgré la fraicheur des images et le ton désuet, on comprend pleinement le thème du film : le travail de deuil. Sujet universel, auquel tout le monde peut s'identifier de près ou de loin. Et c'est ici traité avec une délicatesse hors pair et une finesse telle qu'on ne peut que reconnaître à Wes Anderson la marque d'un grand cinéaste, comme on n'en fait plus trop trop de nos jours.
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