Derrière le meurtre...
S'ouvrant sur deux tueurs à gages cherchant à tuer un certain Johnny North dans un institut pour non-voyant, The Killers nous entraine dans la vie de ces deux tueurs qui vont chercher à savoir qui...
le 12 oct. 2016
22 j'aime
« Bang bang, you’re dead », déclament les enfants qui jouent dans la rue, en ouverture de l’ultra efficace The Killers,et réplique programmatique sans concessions sur le jeu de massacre à venir.
Dense, brutal, A bout portant, reprise de la pépite de Siodmak, est une course continue déclinée sur tous les plans. Dans l’école d’aveugles pour une exécution en règle, sur la route, au volant de bolides qui quittent les circuits pour les braquages, et surtout dans une construction narrative d’une redoutable efficacité, adaptée du génial Hemingway.
Du séminal film noir de Siodmak, il reste la trame, mais 20 ans ont passé. Ici, le glamour et l’empathie le cèdent à une noirceur nouvelle. A partir du meurtre initial, les tueurs à gage s’interrogent : pour quelle raison la victime s’est-elle laissée abattre ? Et n’y aurait-t-il pas un magot à la clé ? Cette double question, à la fois morale (une exécution qui ne passe pas) et crapuleuse (l’appât du gain) reflète bien le récit retors qui va se dérouler. Sur le modèle du fameux « cherchez la femme » qu’affectionne Ellroy, la remontée vers la source occasionne des séquences en flashback faisant la part belle à Angie Dickinson qui succède à Ava Gardner avec un panache nouveau. Entre la femme fatale et la psychopathe manipulatrice (tendance Peggy Cummins dans Gun Crazy de J. H. Lewis), l’œil habité, elle use du même charme magnétique que pour Rio Bravo, et met au tapis les hommes qui la croisent.
Dans cette folie croissante, les récits sont généralement obtenus sous la menace des tueurs et conditionnent un rythme qui ne se dément jamais, se réservant le morceau de bravoure brutale pour la fin et la confrontation à la femme, frappée et malmenée comme on l’a rarement vu jusqu’alors. Dans le récit encadré, c’est la course folle d’un braquage sur les routes sinueuses des montagnes et qui se dirige avec fougue vers l’impasse que tout le monde connait déjà.
On a souvent glosé sur la profondeur et l’ambivalence insoupçonnée du Dirty Harry de Don Siegel : elle irrigue ce film violent, massacre en règle qui fascine par sa noirceur et le cheminement mélancolique des candidats au succès vers leur perte.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Policier, Film Noir, Violence, Portrait de femme et Vus en 2015
Créée
le 24 avr. 2015
Critique lue 1K fois
29 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur À bout portant
S'ouvrant sur deux tueurs à gages cherchant à tuer un certain Johnny North dans un institut pour non-voyant, The Killers nous entraine dans la vie de ces deux tueurs qui vont chercher à savoir qui...
le 12 oct. 2016
22 j'aime
Voici un film revu avec plaisir, il ne passe pratiquement jamais à la télé (la dernière fois remonterait à 2011), et même le DVD n'est pas courant dans les promos Fnac. C'est le genre de polar que...
Par
le 28 juin 2020
17 j'aime
8
Dès le générique, on comprend qu'on n'est pas là pour rigoler ! Une musique nerveuse et des gros plans sur des visages patibulaires. ça promet. Et la scène d'ouverture ne vient pas nous contredire...
Par
le 14 nov. 2012
17 j'aime
22
Du même critique
Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...
le 6 déc. 2014
773 j'aime
107
Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...
le 14 août 2019
714 j'aime
54
La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...
le 30 mars 2014
616 j'aime
53