Et ben c'était mieux que "Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?". Je sais pas pourquoi je le craignais tant ce film étant donné que cet autre film ne m'avait pas déplu. C'était pas génial, y avait des défauts mais j'avais tout de même rigolé. Je me souviens qu'en voyant la bande annonce de "À bras ouverts", je m'étais dit que ça avait l'air encore bien opportuniste et hypocrite. Et ben non !
En fait, le récit m'a rappelé les comédies franchouillardes des années 80, vous savez, cette décennie magique où les auteurs tapaient un peu sur tout et où l'on en riait. Les bourges en prenaient plein la tronche, les intellectuels de gauche aussi, les gitans, les arabes, tout le monde quoi ! Parce qu'on vit dans un monde de merde. Et ben ce film semble sorti de cette époque parce qu'on se sent toujours dans un monde de merde : les intellectuels de gauche sont toujours des faux-culs, les bourgeois des connards, les arabes sont maintenant des rom mais ce sont des profiteurs, ... pas un pour sauver l'autre. Et c'est ça qui est bien. On essaie pas de nous vendre des bons sentiments. On n'essaie pas de nous dire que les roms en fait sont des gens sympas. Et même, l'auteur décide de taper un peu sur les gays, parce que eux aussi on les montre toujours comme des gens un peu excentriques mais toujours gentils... ben là non, ils sont comme les autres (hétéros, blancs, noirs, hommes, femmes) : ce sont des connards.
Quand je dis qu'il n'y a pas de bons sentiments, ce n'est pas entièrement vrai, hélas. Il faut se taper l'histoire du fiston. On se doute bien comment ça va se finir, du moins dès qu'on nous présente la fille du rom. Y a pas d'intérêt à cette intrigue ; elle envenime un peu la principale mais les auteurs auraient pu trouver un tas d'autres stratagèmes pour en arriver là. C'est à croire que la prod leur a dit : écoutez, on accepte toutes vos conneries tant qu'il y a un message positif. Et du coup y a cette romance un peu bidon. Heureusement elle prend pas trop de place et les auteurs trouvent tout de même des gags pour pas que ça pue totalement la bonté. Mais bon. C'est là quand même.
Le récit est un peu mou aussi. Probablement parce que les enjeux ne sont pas palpables ; faut dire qu'il n'y a pas vraiment d'objectif à atteindre, juste une situation qui évolue. Difficile de structurer le récit en écrivant de la sorte. Du coup, passé les 45 premières minutes durant lesquelles les auteurs s'amusent avec leurs personnages, on ressent un petit enlisement narratif. Et comme en même temps il y a la romance bidon qui se met en place. Ainsi que le plan machiavélique du faux rom... mais que tout cela est mal exploité. Ben on s'ennuie. Il aurait fallu que les auteurs assument totalement le côté "on a une situation on l'exploite jusqu'au bout, jusqu'à ce que ça explose" plutôt que se défiler face à des arcs narratifs mal ficelés.
La mise en scène n'est pas toujours idéale non plus. Des mouvements de caméra cheap qui rappelle les séries AB3. Une photographie un peu trop propre (parfois ça fait penser à du porno). Une caméra qui bouge trop et nuit parfois à l'efficacité des gags. Je préférais la manière de filmer des années 80 : une caméra plus statique, des plans plus larges pour que les acteurs bougent, une lumière dégueulasse (parce que bon, la belle lumière la ricaine ici, ça ne fonctionne pas, c'est trop lisse, vive le grain des années 80 !).
Les acteurs ont l'air de bien s'amuser. Et puis Clavier est vraiment redevenu très bon depuis qu'il a arrêté de mimer DeFunès. Il est plus en retenue et les grimaces qu'il propose passe beaucoup plus efficacement. Ce type maîtrise son langage corporel, c'est un bonheur de le voir jouer. Les autres acteurs se débrouillent très bien, que ce soient les roms, la femme, le fils, le serviteur 'libre', ...
Bref, c'était chouette, dommage que ça n'aille pas plus loin.
Petit mot de Clavier, pas inintéressant : https://www.youtube.com/watch?v=IxY4QtYYxfA