Dans une petite ville imaginaire du nord-est des Etats-Unis, Dorothea et Greta, deux adorables vieilles dames, ont transformé́ il y a une quarantaine d’années une ancienne boulangerie industrielle en un espace dédié aux arts : la Bread Factory, lieu culturel et communautaire à l’ancienne où se pratique un large éventail d’activités artistiques. On y joue Euripide ou Tchekhov, on y lit de la poésie, on y pratique l’éducation populaire, les enfants s’y initient au cinéma, les générations s’y croisent. Les deux femmes font vivre le lieu et tiennent à bout de bras cette institution culturelle de quartier qui comme le précise le sous-titre de cette première partie –« ce qui nous unit »-, est aussi (surtout) un endroit de lien social. Mais sa pérennité est menacée par l’arrivée en ville d’un centre d’art contemporain où officie un couple célèbre d’artistes-performeurs chinois dont les performances outrancières sont le plus souvent ridicules, mais qui menacent de récupérer les subventions culturelles municipales qui font vivre la Bread Factory, mettant en péril l’esprit même de sa petite communauté.
A partir d’un sujet assez anodin, le film devient très vite aussi attachant que passionnant, mettant en scène par une succession de saynètes savoureuses une série de personnages pittoresques qui défendent ou attaquent l’un ou l’autre des deux projets selon leur conception de la culture, entre l’artifice et la vie. Wang réalise une comédie sociale où le comique de situation pointe les paradoxes du monde de l'art et ses dérives élitistes. Il fait vivre ce quartier, ces gens, cet endroit et ceux qui le tiennent à bout de bras avec un sens du loufoque et une vérité dont le mélange touche à la poésie pure.
A Bread Factory est un film à la forme inattendue , tourné à la fois à la manière d’une sitcom et d’une comédie sociétale qui parle de culture et de gentrification. C’est un film chaleureux, qui navigue avec aisance et finesse entre la satire et la comédie humaine