A Chinese Ghost Story par cloneweb
Pour évoquer Chinese Ghost Story version remake 2011, il est impératif de vous présenter l’original. Peut-être d’ailleurs l’avez vous déjà vu (et revu ?) en VHS il y a quelques années sous son bon titre français : Histoire de Fantômes Chinois.
Le film réalisé par Ching Siu-tung et sorti en 1987 met en scène Leslie Cheung. Le comédien, également chanteur, vu dans Le Syndicat du Crime de John Woo ou dans Adieu ma Concubine, était une véritable star en Chine, il bénéficiait d’une popularité hors du commun lui permettant de se retrouver dans des classements entre Michael Jackson et les Beatles. Son suicide en 2003 fut une véritable tragédie nationale qui marqua les esprits asiatiques.
Cette célébrité est un point important : elle a permis au film d’être exporté et vu à l’étranger. Mais Histoire de Fantômes Chinois repose également sur son réalisateur Ching Siu-tung et le légendaire producteur Tsui Hark. Cette histoire mettant en scène un employé des impôts se retrouvant par mégarde dans un temple où il tombera amoureux d’un démon est précurseur de films au succès international comme Le Secret des Poignards Volants ou Tigre et Dragon dans lesquels se mêlent aux combats de sabres des éléments surnaturels et des personnages volant (car suspendus par des cables).
Au même titre que Star Wars a marqué la science-fiction, Histoire de Fantôme Chinois a marqué le film de sabre fantastique.
Autant dire que son remake était attendu au tournant et même s’il est sympathique à regarder, il n’arrive pas à la cheville de l’original.
Le film commence sur une séquence où l’on voit brièvement un chasseur de démons s’attacher à une jeune femme avant de devoir malheureusement la tuer. La séquence est intéressante non seulement parce qu’elle permettra de justifier la fin du film mais aussi parce qu’elle rappelle dans sa mise en scène et le choix de quelques plans le film d’origine. Un peu comme si l’employé des impôts du film de 1987 était devenu le tueur de monstres de 2011. Alors quand débarque le collecteur de taxe dans le nouveau film (vous suivez ?), le spectateur a l’impression de ne pas voir un simple remake mais plutôt une histoire différente, une sorte de suite dans un univers parallèle.
A la manière, dans son style, du Star Trek de J.J Abrams, cette nouvelle version permet au réalisateur de raconter sa propre histoire tout en justifiant les différences.
C’est bien de points communs et de différences qu’il s’agit. Le film commence de la même manière. Un collecteur d’impôts se retrouve dans un temple, cette fois avec une justification. Il est envoyé par un village où il n’y plus une goutte d’eau pour trouver une solution. Là, il va rencontrer une belle jeune fille qui va se révéler être un démon. Et un chasseur de démon entrera en scène, suivi par deux petits camarades pour mettre un peu d’action dans tout ça
Si vous suivez toujours, vous avez compris que le tueur de monstres est celui de l’introduction, que la fille est celle qu’il a tué une première fois. Et que tout cela va donc déboucher sur un triangle amoureux.
Le film de 1987 se passait de cette notion d’histoire à trois et gagnait incroyablement en charmes. Ici, le fait de voir la jeune fille partagée entre deux personnes enlève une grande partie de l’intérêt puisque sa relation avec le collecteur des impôts est réduite. On y perd notamment une très jolie scène vue dans l’originale où elle le cache dans une sorte de salle de bain.
L’arrivée des deux tueurs de créatures fantastiques dont un manchot, hommage au moins involontaire à Un Seul Bras les Tua Tous, va donner à l’histoire une direction totalement différente et pas forcément déplaisante puisque très orientée action. On va avoir droit à de très chouettes scènes d’affrontement mises en scène par un Wilson Yip (Ip Man avec Donnie Yen) très en forme qui n’hésite pas à bouger sa caméra dynamiquement, tout en faisant en sorte que les combats restent les plus lisibles possibles.
Alors que retenir de ce remake d’un film culte ? Que si vous ne connaissez pas l’original et n’êtes pas un habitué du genre, c’est un film agréable et une porte d’entrée correcte pour ensuite vous plonger dans la filmographie d’un Tsui Hark. On regardera volontiers une suite éventuelle en espérant qu’elle se détache complétement du film de 87.
Si par contre vous êtes un fan de Leslie Cheung, vous suivrez A Chinese Ghost Story sans déplaisir mais en repensant sans cesse au travail de Ching Siu-tung. Et en regrettant l’absence du cultissime “Poyé polomi”