Affreux, sale et gitan

A Ciambra trouve avant tout toute sa force dans sa valeur documentaire, grâce à ses personnages issus d'une même famille de la communauté rom/gitane calabraise, à son quotidien fidèle à la réalité, à sa langue et à ses codes. En effet, caméra à l'épaule à la Dardenne (certaines scènes rappellent d'ailleurs Le gamin au vélo), à travers le point de vue subjectif d'un gamin jeune ado voulant suivre les pas de son grand frère mais hésitant encore deux âges, Carpignano, nous emmène dans un voyage presque ethnographique, véritable incursion dans un milieu clos sur lui-même, ce qui demeure le véritable attrait d'un film se perdant par ailleurs dans les enchaînements d'action d'un scénario pas assez construit et mal équilibré (surtout dans la première partie, nettement moins élaborée), quelques facilités dramatiques, certaines invraisemblances et une B.O. parfois incohérente, parfois écœurante comme une guimauve trop sucrée, parfois inutile.

Au total, A ciambra enchaîne le bon et le moins bon, avec un jeune protagoniste convaincant, quelques scènes assez réussies (le retour du gamin et les billets passés en silence à la mère, à nos yeux la plus belle) et une ambiance bien posée, mais une grammaire à revoir.