Il s'agit d'un remake d'Abus de confiance d'Henri Decoin que Shin transpose dans la Corée de l'après-guerre pour un nouveau pamphlet contre une société viscéralement machiste. L'héroïne (jouée par Choi Eun-hee, son épouse à la ville et son actrice fétiche qui fut kidnappée en même temps que lui par la Corée du Nord) y campe une étudiante vivant dans la précarité qui refuse les emplois reposant sur les promotions canapés, doit repousser les dragueurs insistants ou encore les passants la considérant tout simplement comme une prostituée.
Cette ambiance est très bien retranscrite dans une réalisation pesante où la respiration est exclue des cadres avec des perspectives bouchées, des décors épurés et vides et une voix-off aussi éteinte que résignée.
Malheureusement, la réalisation manque fortement de concision et la durée de 2h00 n'est absolument pas justifiée tant le film prend son temps à progresser. On a même un véritable film dans le film de pratiquement 20 minutes pour illustrer une plaidoirie sur la fin. Une longue séquence qui n'y va pas avec le dos de la cuillère dans le pathos misérabilisme un brin complaisant. La musique est d'ailleurs bien trop envahissante, et pas que sur cette sous-intrigue.
Mais le charme des acteurs (dont Kim Seung-ho dont un rôle plus grave que ses comédies des 60's), la mélancolie du récit, sa fin très émouvante et surtout son féminisme engagée en font l'un des œuvres importantes du cinéaste.

anthonyplu
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Shin Sang-ok : l'équation coréenne

Créée

le 30 déc. 2017

Critique lue 142 fois

anthonyplu

Écrit par

Critique lue 142 fois

Du même critique

A Taxi Driver
anthonyplu
7

Maybe you can drive my car

L'ancien assistant de Kim ki-duk revient derrière la caméra après 6 ans d'absence. Il porte à l'écran une histoire vraie, elle-même plongée au cœur d'une page sombre de l'histoire sud-coréenne soit...

le 22 oct. 2017

16 j'aime

1

Absences répétées
anthonyplu
9

Absences remarquées

N'ayons pas peur des mots : voilà un chef d'oeuvre déchirant. C'est une sorte de cousin Au Feu follet de Louis Malle avec cette solitude existentielle et son personnage dans une fuite en avant vers...

le 8 oct. 2014

11 j'aime

2

Daisy Miller
anthonyplu
8

Miller's time

Devenu extrêmement rare, cette adaptation de Henry James est pourtant une merveille d'intelligence et d'écriture grâce à la structure du récit et à l"évolution de sa mise en scène au travers de ses...

le 17 avr. 2017

10 j'aime