Il s'agit d'un remake d'Abus de confiance d'Henri Decoin que Shin transpose dans la Corée de l'après-guerre pour un nouveau pamphlet contre une société viscéralement machiste. L'héroïne (jouée par Choi Eun-hee, son épouse à la ville et son actrice fétiche qui fut kidnappée en même temps que lui par la Corée du Nord) y campe une étudiante vivant dans la précarité qui refuse les emplois reposant sur les promotions canapés, doit repousser les dragueurs insistants ou encore les passants la considérant tout simplement comme une prostituée.
Cette ambiance est très bien retranscrite dans une réalisation pesante où la respiration est exclue des cadres avec des perspectives bouchées, des décors épurés et vides et une voix-off aussi éteinte que résignée.
Malheureusement, la réalisation manque fortement de concision et la durée de 2h00 n'est absolument pas justifiée tant le film prend son temps à progresser. On a même un véritable film dans le film de pratiquement 20 minutes pour illustrer une plaidoirie sur la fin. Une longue séquence qui n'y va pas avec le dos de la cuillère dans le pathos misérabilisme un brin complaisant. La musique est d'ailleurs bien trop envahissante, et pas que sur cette sous-intrigue.
Mais le charme des acteurs (dont Kim Seung-ho dont un rôle plus grave que ses comédies des 60's), la mélancolie du récit, sa fin très émouvante et surtout son féminisme engagée en font l'un des œuvres importantes du cinéaste.