Résumé: un ado dans Londres d'après guerre est convaincu d'avoir repéré des mafieux mais personne ne le croit (sauf ses copains).
Des enfants en 1947 (pourtant sans jeux vidéos...) sont fascinés par la violence qu'ils connaissent bien...Par exemple, ils savent déjà que des corps "sont dissous dans de l'acide", que tu peux "torturer avec un couteau pour faire parler"...
...le tout grâce à un hebdomadaire qui s'appelle le Trump...déjà...!
C'est un petit journal illustré plein d'aventures et d'histoires de mafia...Le Trump détaille aussi des meurtres ou comment la police et des détectives trouvent des indices. Il fascine ses jeunes acheteurs qui à sa lecture s'en font des films (nous en voyons d'ailleurs un à un moment à l'écran sous forme de bulles...un film dans le film donc ;)
A une époque sans téléphone les mafieux utilisent le Trump pour communiquer entre eux par un ensemble de mots codés qu'ils arrivent à glisser à l' intérieur des histoires pour enfants: qu'ils détournent pour entre autres connaître l'heure et les lieux de rendez-vous et de cambriolages
L'auteur secret des histoires pour enfant n'est pas au courant de ces modifications: asociale et timide, il reste dans son appartement de vieux garçon. Il est joué par Alastair Sim.
L'excellent texte de Plume231 sur SC m'apprend que Billy Wilder et Emeric Pressburger auraient aussi travaillé sur le film.
Je l'ai vu sans rien en savoir sauf la présence de mon Alastair Sim...film que j'ajoute à sa liste même s'il est peu à l'écran.
Peu à l'écran mais très fort car il ne se fait pas voler les scènes qu'il partage pourtant avec des enfants et un chat...
d'autant que dans ce tout son petit appartement, il est aussi entouré de plein d'objets qui pourraient nous distraire de lui...c'est plein de poissons empaillés dont un gros tout gonflé et brillant, presque toujours derrière lui dans les scènes...
et à ses côtés, un crocodile géant marche bien sûr au mur...
...des chats, des enfants, des poissons et un crocodile: on ne voit quand même qu'Alastair Sim, un grand acteur donc.
Comme nous, on sent que le directeur de la photographie, Douglas Slocombe, aime Londres.
On voit Londres avant les réparations nécessaires suite aux bombardements de la seconde guerre mondiale.
Les enfants s'amusent dans ses ruines: leur cabane n'est pas dans les arbres mais dans un immeuble bombardé...la scène où un enfant s'est enterré, sauf la tête, sous des briques façon jeu de sable de plage m'a particulièrement ému et fait rire (jaune...)
Tous les enfants sont d'ailleurs formidable: même si je remarque qu'ils travaillent presque tous...l'un d'eux ne peut pas venir les aider à 6h du matin "car son service finit à 7 heure..."
Ca explique peut-être leur "violence" plus tard contre les méchants:
_l'un d'eux veut torturer (avec un couteau qu'il ouvre) une "méchante" attachée, pour "la faire parler"
_le héros saute à pieds joints de très haut sur le ventre du "méchant"
_avant, dans la bataille, ils frappent des têtes de bandits continuellement sur des pierres
"I'll scar you for life" "je vais te balafrer à vie"
Heureusement cette violence verbale envers leur prisonnière est contrebalancée par un autre plus jeune enfant qui suggère lui de plutôt la chatouiller pour la faire parler...de la manière dont il l'a d'ailleurs lu dans Trump (je m'en lasse pas )...technique découverte à la lecture d'une aventure avec des Chinois qui pratiquaient cette torture...ce qui prouve que même sans portable et Call of Duty les jeunes et la violence subissaient 'L'influence-des-médias'.
(scène quand même très drôle avec cette méchante mafieuse attachée: elle était la taupe au sein du personnel du magazine Trump et imprimait les message secrets!
L'enfant est à ses pieds et tente de la chatouiller en vain...
cette escroc n'aura ni peur du couteau ou des chatouilles mais finalement ne supportera pas la souris échappée de la poche de l'enfant ;)
)
...le tout (torture+bagarres de rue) est suivi subitement par une scène finale sur une chorale angélique chantant à l'église (où les enfants sont couverts de bandages) ^^
Je pense que ce film d'après guerre veut dire que "l'union a fait leur force"...que l'Angleterre s'en est aussi sortie par la collaboration entre ses citoyens...
Tous ces faibles enfants s'organisent d'ailleurs en une opération qu'ils nomment: "Seagulls"..."l'attaque coordonnée des Mouettes"...car ils attaquent tous ensemble les méchants, leur tombant dessus comme une flopée de mouettes sur Cantona...
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en plus, tous ces faibles enfants s'unissent pour se battre contre un méchant Dr Mabuse qui se révèle être un policier...le représentant de l'autorité était le serpent dans l'herbe...il a d'ailleurs un dragon tatoué sur la main...une fois de plus, la menace n'est pas étrangère mais domestique/nationale
J'aime qu'on voit plein de vrais endroits à Londres hors studio (des passants regardent d'ailleurs la caméra/les enfants):
_Covent Garden: encore plein de vrais marchands et d'étales...
l'enfant y apprend à travailler et à porter des paniers en osier sur la tête...il s'entraine le soir chez lui avec une miche de pain ^^
_on voit aussi la Cathédrale St Paul's, droite...entourée de destruction
_les bords de Tamise non-encore envahies d'appartement inabordables: Ballard Wharf devient le lieux où la meute d'enfants se battra avec la poignée de truands dans une scène à la Gang of New-York...plein de ponts...
Tous ces plans sur Londres encore détruite deviennent très touchants car on devine la violence dont ces enfants ont été témoins...d'ailleurs me revient la longue scène où un enfant seul, assis sur un muret, regarde le ciel, mais fait un rêve éveillé et mime (enfermé dans son petit monde intérieur) les attaques d'avions et les bombardements et les soldats derrière des mitraillettes leur tirant dessus...
ps 1: la tête atterrée d'Alastair Sim est très drôle....je viens de rechercher le sens d'un de ses mots quand il découvre qu'on a piraté ses textes (en introduisant des mots codés indiquant des lieux de réunion auxcambriolages...il est surtout atterré de découvrir des "split infinitiv" (infinitif où un adverbe est intercalé entre "to" et le verbe) (comme au début de Star Trek: "to boldly go where no man has gone before")
...je découvre donc que des puristes avaient combattu cette ""nouvelle"" orthographe...
ps 2: Je n'ai pas compris le gag et la scène où des mafieux, à toute évidence en pleine préparation d'une arnaque, sont filmés en train de peindre un vrai chien: c'est un lévrier sur une table, un chien de course...mais je ne sais pas pourquoi ils le couvraient de peinture ;)
(...peut-être pour lui donner un coup de jeune à coup d'auto-bronzage à la Berlusconi ou Séguéla?)
ps 3: ..et c'est juste dommage aussi que même en regardant une comédie de 1947 je ne puisse pas échapper à nos infos en devant entendre le nom de Trump répété tout le long du film ;) ;)