Au-delà de ses qualités ou ses défauts, ce documentaire vaut la peine pour une seule scène : celle où, pendant l'un des actes des Gilets Jaunes, les clients d'une brasserie de luxe de l'avenue Montaigne tirent les rideaux pour ne pas voir ni être vus par les manifestants qui les apostrophent à travers la vitre. Ca dit tout du vrai séparatisme qui a cours dans ce pays. Le film a deux mérites : montrer à nouveau la violence envers les Gilets Jaunes, avec les flics surarmés bien sûr, mais aussi l'oligarchie. On entend notamment Luc Ferry dire, à la radio, que les flics devraient tirer sur les manifestants. Là encore, la lutte des classes nous pète à la tronche. L'autre mérite, c'est de montrer l'amour et la complicité des Pinçon-Charlot. C'est hyper beau et touchant. Je retiens surtout un passage où Monique dit "je suis moi grâce à toi" et où, lorsqu'elle demande à Michel si c'est réciproque, il répond "on est nous grâce à nous". Mais forcément il y a un revers à cette médaille : le réal semble trop près de ses sujets, on ne sent pas la distance critique nécessaire à rendre le film vraiment passionnant. Parce que ça manque de perspective d'ensemble et que c'est évident que, malgré l'estime qu'on peut avoir pour leur travail, les deux sociologues ne sont sûrement pas exempts de tout reproche (leur proximité avec ces riches qu'ils ont passé leur vie à étudier, la participation de Monique au doc complotiste Hold Up, etc.)