Voilà donc l'ultime essai cinématographique de John Waters, qui ne refera probablement plus de films hélas (il semble heureux à parcourir le monde avec sa roulotte et écrire des livres).
Je suis surpris, je ne m'attendais pas à ça, surtout que ses précédents films notaient une volonté de rentrer un peu plus dans le moule, là c'est comme s'il avait abandonné cette idée pour revenir aux potacheries de ses débuts.
L'intrigue est très idiote, avec des personnages crétins, des enjeux risibles. On peut tout de même y déceler un fond intéressant : cette volonté de tout tabou-iser, en particulier le sexe. Et ainsi John Waters se retrouve encore une fois à opposer les marginaux (les accros au sexe) et les normaux (les coincés), sauf qu'ici il insiste bien sur le fait que l'un peut devenir l'autre à tout moment, que c'est donc un travail intérieur qu'il faut opérer, afin de devenir tolérant, ouvert.
Le scénario est un peu facile dans son déroulement, dans la résolution de ses quelques conflits, mais reste riche en personnages excentriques et en situations cocasses.
La mise en scène indique aussi un retour aux sources : le montage n'est pas hyper fluide, le découpage est très plan-plan comme Waters faisait autrefois ; cela donne un résultat kitsch, avec un ton faux, surjoué. Les couleurs sont bien mises en valeur, les acteurs ont une énergie qui va également dans ce sens et la BO est principalement composée de vieux tubes portés sur le sexe. L'on appréciera aussi les moments de transition mentale (quand un personnage prend un coup sur la tête), composés d'extraits de vieux films en noir et blanc.
Bref, le tout manque de vrais conflits pour rendre l'intrigue vraiment prenantes, mais le ton et l'intrigue de manière générale restent assez amusants pour ne pas s'ennuyer.