A l'occasion de la découverte de boites d'archives, Samantha Fuller, la fille de Samuel Fuller, a décidé de réaliser un documentaire sur la vie ô combien agitée de son père. Pour ce faire, elle ne reste que dans le bureau qu'il occupait, jonché de tas de documents et de bobines, et fait lire des extraits de son remarquable autobiographie, Le troisième visage,à des personnes qui ont connu Samuel Fuller, qui ont travaillé avec lui ou des admirateurs.
Rien de moins que James Franco, Mark Hamill, Bill Duke, Joe Dante, Jennifer Beals, William Friedkin, Wim Wenders, Tim Roth ou encore Constance Towers, qui joua dans Naked Kiss et Shock Corridor.
La lecture de ces extraits de mémoire est accompagnée de tas de documents, d'extraits de films, de croquis dessinés par Fuller, et de photos.
Car il faut dire que la vie de Samuel Fuller est hors du commun ; journaliste à 13 ans dans la rubrique des chiens écrasés, il monta peu à peu en grade jusqu'à ce qu'il obtienne un appareil photo qui lui permettait d'illustrer ses articles, dont celles qu'on voit montrent des membres du Ku Klux Klan.
En parallèle, il écrit à tout va des tas de scénarios pour des petits polars, et la Seconde Guerre Mondiale sera pour lui un autre virage où il fut volontaire pour aller en Europe, et ce qu'il va vivre va le marquer à jamais, avec des visions d'horreur qui vont le poursuivre, et qui vont lui donner envie de passer à la réalisation une fois de retour au front.
De là, il va tourner des tas de films formidables (Le port de la drogue, Naked Kiss, Shock Corridor...), dont beaucoup tournent autour de la guerre, et de situations apparemment vécues par le réalisateur, comme Verboten, J'ai l'enfer de Corée, Baïonnette au canon... Jusu'à ce grand film qu'est Au-delà de la gloire, le film le plus personnel de Fuller, car basé sur ses propres souvenirs de soldat au sein de son bataillon surnommé le Big Red One.
Bien entendu, il est aussi question de ce que je considère comme étant sa plus grande réussite, Dressé pour tuer, dont les accusations racistes (!) vont faire que la Paramount ne sortira pas le film aux États-Unis, contraignant Fuller à s'exiler en Europe pour la fin de sa carrière.
On sent la grande modestie de moyens, mais il y a une véritable admiration de la part des lecteurs, dont certains gardent en main en clin d’œil le fameux cigare qui faisait la particularité de Samuel Fuller, grand réalisateur américain qui aimait ruer dans les brancards.
Il y a d'ailleurs un joli passage sur son dernier mariage, et le seul enfant qu'il ait eu, à 63 ans, une certaine Samantha...
Mais le mérite du documentaire est non seulement de remettre en lumière le travail de ce réalisateur, mais aussi qu'il complète ses mémoires à l'aide des tas d'archives que nous découvrons à l'écran.
C'est également une excellente porte d'entrée à son univers.