Ce qui reste
Un simple drap pour raconter une histoire de fantôme. Comme si nous étions revenus à l'âge de l'enfance. Mais une histoire comme aucune autre. C'est une histoire sur ce qui reste. Comme la lumière...
le 10 janv. 2018
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Un simple drap pour raconter une histoire de fantôme. Comme si nous étions revenus à l'âge de l'enfance. Mais une histoire comme aucune autre.
C'est une histoire sur ce qui reste. Comme la lumière des étoiles dans la nuit, alors qu'elles sont mortes depuis belle lurette.
C'est l'histoire d'un couple. Racontée de manière délicate et intime. Touchante. De celles qu'on a tous envie de vivre, surtout aux côtés de Rooney Mara.
C'est une merveilleuse histoire du temps qui passe. Qui efface tout. Pour mieux se tordre et se replier sur lui-même. Qui, dans un même plan, passe de l'aurore au soleil de l'après midi. Comme pourrait sans doute le percevoir un fantôme. Qui rase les habitations au profit d'immeubles de bureaux, nouveau terrain de hantise des plus curieux et inhabituels renouvelant l'imagerie du fantastique.
C'est l'histoire de l'impuissance et de l'isolement qui transpire de chaque plan. Lent. Fixe. Beau. Faisant naître une émotion de manière inexplicable. Désarmant de voir cette grande silhouette immobile qui n'a presque aucune emprise sur le monde qui continue de vivre sans lui. Qui ne peut soulager le deuil de sa compagne, ni se résoudre à quitter ce à quoi elle s'est attaché.
L'errance est faite d'éternité, semble-t-il. Voire même de plusieurs. Au point d'oublier celui que l'on attend. Pas besoin de mots pour l'exprimer. Seulement un drap blanc. Un vis-à-vis, dans la maison voisine et un dialogue où la parole s'efface. Les larmes montent à l'évocation de la mémoire qui s'est enfuie.
C'est une histoire qui se passe très souvent de mots et de moyens. L'économie des effets démultiplie l'atmosphère fantastique, alors que le quotidien dans lequel elle s'inscrit est des plus tangibles, classiques, familiers. Certains effets sonores sont comme les échos d'une répétition du passé. Tandis que l'émotion éclot le temps d'une chanson au casque, ou d'une main qui s'approche d'un drap qu'elle ne touchera finalement jamais.
Ethérée, touchante, vertigineuse, cette histoire de fantôme se répète, tout en s'envisageant pourtant d'une tout autre manière alors que le film déroule le fil délicat de sa narration. Le temps se superpose, se complète. Cette histoire de fantôme, elle ne ressemble à aucune autre. Aucune angoisse, aucun effet choc. Seulement l'abandon nécessaire de la part du spectateur devant une sorte de rêverie mélancolique. Triste. Parfois abstraite. Mais tout aussi belle, émotive et désarmante de simplicité.
Sous le drap, il y a à coup sûr un coeur qui bat. Et des larmes de douleur, de solitude.
Behind_the_Mask, dans de beaux draps.
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le 10 janv. 2018
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