A bout de souffle

Au casting, la célèbre actrice coréenne Doona Bae et la jeune Kim Sae-Ron. July Jung nous raconte l'histoire d'une chef de police locale qui va accueillir chez elle une petite fille qui se fait frapper par son père ivre. La descente aux enfers ne fait alors que commencer pour les deux femmes, car l'engrenage est tenace et le passé finit toujours par resurgir. Il est inhérent à ce qu'on est.

Un premier film très réussi notamment par l'émotion qui se dégage du métrage. Beaucoup de silences, beaucoup de regards et de sourires communicatifs, une bande-originale magnifique, le jeu des deux actrices est très bon voire excellent à certains moments (elles ne sont jamais meilleures que lorsqu'elles sont ensemble), la complicité entre les deux est évidente. Les sujets sont très complexes, on retrouve l'alcool, l'homosexualité en Corée et le regard des autres, la maltraitance évidemment, comment un enfant peut-il se construire avec de telles carences affectives, dans la violence et dans les coups. Il y a le courage de cette femme, qui au-delà de son métier, va braver la léthargie de ses collègues ancrés dans un carcan machiste aux mœurs rurales et ses propres limites pour venir en aide à cette jeune fille qui ira un peu trop loin pour garder toute son attention...

C'est un film parfois dur à ingérer, à la pertinence subtile, très juste dans sa façon pudique d'aborder tous les thèmes cités précédemment. Il évite les clichés, notamment par le biais du portrait de la jeune fille, pas seulement victime apeurée mais aussi sauvage et très intelligente dans sa manière d'aborder l'autre et d'en utiliser les failles ou les qualités. Le genre de film où la beauté de la forme se marie avec le fond douloureux, et crée une oeuvre sincère et ouverte, qui se prolonge bien après le générique. Frissons garantis.