Jim Carrey prouve une fois de plus qu'il n'est pas qu'un trublion. C'est surtout un immense acteur avec une palette d'émotions immense. Kate Winslet, elle, livre ici une de ses plus belles partitions dans le rôle d'une petite minette amoureuse et joviale mais profondément absente. Bouleversante. L'histoire de deux êtres qui se rencontrent et s'aiment dès les premiers instants, alors que tout les oppose aux premiers abords. Ils vont apprendre à se découvrir, à se compléter, à combler un vide que chacun d'entre nous tente d'élucider : la raison de vivre. Leur relation va s’effriter avec le temps, leurs sentiments aussi. Joel et Clémentine vont alors avoir la possibilité d'effacer leurs souvenirs de leur mémoire jusqu'à disparaître complètement.
C'est une histoire poignante, touchante, qui nous aspire tantôt dans la joie intense, non simulée, originelle, tantôt dans un mal-être et une tristesse qu'on a tous vécu au moins une fois. Qu'est-ce que l'amour, de quoi a-t-on besoin ? L'amour est-il la nécessité d'un instant ou le remède d'une vie ? Peut-on vivre sans passion, comment donner un sens à son existence ? On prend le film comme une peinture, on y trouve des émotions qui nous sont propres, on y ressent, parfois à des moments différents, des sensations très puissantes. Et c'est ça, la beauté de cette oeuvre. Se perdre dans ses songes et ne plus en revenir. Eternal Sunshine est un concentré de tout ce que l'on peut vivre dans une relation intense mais déchue. Ils ne sont plus les acteurs de leur passion mais de simples spectateurs pris au piège de leur propre "jeu". Ils s'aimaient, si tendrement et bien malgré eux sont devenus primordiaux pour l'un comme pour l'autre. C'est l'amour, celui qui ne se contrôle pas, c'est le nirvana. Et par la force des choses, par la désacralisation des esprits par le cœur mais surtout la raison, l'admiration s'effrite et laisse place aux banalités, aux défauts, à la fuite des idéaux que l'on se forge. C'est la déception croissante, la désillusion. C'est l'histoire de l'Amour, le plus pur des sentiments, le plus dangereux aussi, car il nous dépossède et prend tout, tout de suite, comme nous délivrant d'un mal pour nous emmener vers un illustre bonheur, un paradis éternel. Aussi peut-il être brusque, cruel, avide d'égocentrisme et éphémère jusque dans ses derniers recoins, lorsque d'un seul coup, il rend les armes et nous laisse avec nos espérances en miettes. L'amour est tout et rien à la fois. Il est la réponse à la grande question de notre existence puis, l'instant d'après, ne représente plus que des ruines, de la rancœur et un désespoir. Mais il y a une force encore plus grande qui balaie même l'amour : le temps.
Quelle oeuvre grandiose par la pureté de ses ressentis.
J'ai vu ce film pour la première fois il y a des années, et j'y repense encore aujourd'hui avec le même sourire béat. Beaucoup de tendresse pour cette histoire d'amour, pourtant si simple, entre deux éternels paumés.
La scène sur la glace est d'une beauté absolue. Celle chez Joël, avec les paroles de Clémentine en écho, est un déchirement qui me fait encore froid dans le dos. Comme un rêve qui se brise, comme le Silencio.