Je me suis lancé parce du souvenir encore très persistant de Garden State (et du fait que je suis fan de Scrubs bien évidemment) j'avais adoré ce qu'avant proposé Zach Braff pour son premier long-métrage. Je n'ai par contre pas vus ses deux autres films, et même si je sais qu'il a réalisé également quelques épisodes de séries, c'est quand même aussi la curiosité qui m'a tout autant motivé pour le regarder mettre en scène notamment Florence Pugh et Morgan Freeman.

Ca commence dur. Convenu mais dur, et je suis frappé comme le jeu des acteurs (Pugh est littéralement extraordinaire dans ce film) qui prend quasiment toute la place. Les dialogues sont simples mais pertinents, et Morgan Freeman au bout de sa vieillesse est méconnaissable et vraiment excellent. On le connaît, c'est un monstre du cinéma aujourd'hui, ça ne l'empêche pas de le prouver une fois de plus.

C'est assez paradoxal parce que j'ai longtemps pensé le visionnage qu'un truc était décalé : Braff a pris de la maturité, a voulu traiter un sujet grave de façon plus grave du coup, tout en restant un peu en retrait, un peu plus léger. Puis viens la scène de la fête et du dialogue qui suit et tout se rééquilibre, c'était ce qu'il manquait.

J'ai vu ce film comme une œuvre très humaine sur la prise de controle, peu importe les évènements forts et lourds. La gestion du deuil, les addictions en conséquences, les conséquences des addictions ensuite, tout ça peut arriver mais ne se règle qu'avec une prise de contrôle. Et nous sommes faillibles, tous, à tout moment.

Pour raconter ça, Braff va faire du cinéma simple, dans les règles, dans les codes, avec beaucoup de pureté.

Il dirige ses 2 acteurs principaux avec brio, j'ai été bouleversé par la scène du café ou tu as une actrice talentueuse de 27 ans face à un monstre de 87 ans qui se renvoient la balle de façon égale. Et c'est eux qui vont raconter l'histoire, les plans en extérieur ne sont pas fous, mais quelques plans en interieur sont magnifiques, en interieur tout est sombre, rideaux tirés, volets à moitié fermés pour quand il fait jour, et quelques cadrages de visages dans ces scènes la sont justes sublimes (Daniel qui parle à Ryan dans l'escalier de la cave, Allison en pleurs devant son miroir de bureau, Allison qui se reveille sur le canapé devant la fille de sa sponsor) et la on a une progression folle de Braff, et c'est génial.

J'ai vu que Pugh et Braff ont été ensemble de 2019 à 2022, et qu'elle est aussi productrice du film, je pense que ça joue dans son implication sans failles, et que c'est tant mieux.

Dans les symboliques au second plan j'y ai aussi vu un regard sur la parentalité (ne serait-ce que le parallèle mère de Allie, Daniel) qui m'a beaucoup touché, mais aussi sur la musique. Déjà la BO est excellente, très indie Zach Braff, mais surtout je n'ai pas pu m'empecher de remarquer les tshirts d'Allie, un coup Fleetwood Mac, un coup Nick Cave (j'en ai peut être raté d'autres du coup !) et ça m'a fait sourire de voir cette façon très douce d'assumer ses influences. Et d'ailleurs le fait que Allie soit musicienne et chanteuse (Pugh, quelle voix !) ajoute de la consistance à son rôle.

Bref, ça m'a plu, j'ai eu du mal à comprendre pendant un moment ou est-ce que Braff voulait se situer dans le traitement de son drame, parce que c'était plus lourd que Garden State, mais bien plus léger qu'un Inarritu forcement, mais tout s'équilibre sur la fin. C'est un film humain et simple sur des gens humains et simples, mais servis par 2 acteurs principaux incroyables et vraiment bien dirigés. Braff fait un cinéma simple, un cinéma pur, avec une légéreté cachée toujours présente, et une bienveillance indéniable, et je crois que c'est devenu ça, sa patte.

PCollege
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le 27 avr. 2023

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