L'étal de Dalle

Tout le monde vous le dira (du moins, tous les gens qui ont osé le regarder), "A l'intérieur" est un film qui ne peut laisser indifférent, principalement parce qu'il se vautre à corps perdu dans une gore attitude rarement atteinte dans un film français. Le pitch est simple : une femme enceinte jusqu'aux yeux, dont l'accouchement est prévu pour le lendemain, se fait subitement harceler par une psychopathe bien déterminée à lui prendre son enfant. Son mari étant mort dans un accident de voiture quelques mois plus tôt, la femme va devoir affronter seule sa rivale lors d'un huis-clos nocturne.

Si l'on appréciera le côté oppressant de l'oeuvre, ainsi que l'audace d'un Bustillo qui ne lésine décidément pas avec l'hémoglobine et la violence et propose un final politiquement incorrect, on ne pourra que regretter que ce qui fait la force du film le tire aussi vers le bas. Après le énième coup de ciseaux donné par une Béatrice Dalle pas très bavarde et le dixième litre de sang versé sur le plancher de la maison, "A l'intérieur" vire malheureusement à la surenchère trash et semble n'avoir plus que cela à proposer, laissant une irrémédiable sensation de gâchis. L'ensemble finit par tourner en rond (la faute au choix d'un huis-clos) et verse dans les travers bien connus des films d'horreur (utilisation trop massive de scènes où il fait si sombre qu'on ne distingue rien, personnages qui survivent aux pires atrocités qui soient, méchant increvable...). Les vingt dernières minutes voient ainsi se multiplier les situations improbables, dont une ridicule réminiscence zombiesque, si bien que le message que le réalisateur souhaitait véhiculer (la puissance viscérale du désir maternel) passerait presque au second plan sans cet épilogue tranchant et encore une fois assez peu subtil.

Un film à voir pour son intransigeance et son esprit boucher, mais parsemé de maladresses scénaristiques qui l'empêchent d'emporter totalement l'adhésion.