Ballet pour engin de chantier
J'avais déjà beaucoup aimé le précédent film de Xavier Giannoli "Quand j'étais chanteur", ici en adaptant l'histoire vraie d'un escroc en mal de reconnaissance, il frappe encore plus fort. Non seulement à cause de l'originalité de son sujet, mais surtout grâce à sa mise en scène subtile, sans esbroufe, au plus près de la psychologie des personnages dont la partition est formidablement écrite et interprétée par l'ensemble des acteurs. Certes, dans la première heure, quelques longueurs (qui m'empêche de mettre cinq étoiles), puis au fur et à mesure que le projet fou de l'escroc Philippe Miller (François Cluzet) avance, le film prend toute son ampleur, y compris dans sa mise en scène. Des moments d'une vérité rare comme si Giannoli perçait au coeur de la psyché de ses personnages, nous les rendant profondément humain, autant dans leur folie (pour Cluzet), que dans leur désir de reconnaissance et d'amour (le couple Soko-Vincent Rottiers et Emmanuelle Devos). Des scènes inoubliables : la scène netre Rottiers et Cluzet dans le bar où Rottiers, sans le dire, a compris la supercherie même s'il ne la nomme pas parce que cet homme a su lui redonner une dignité, les scènes de chantier d'une beauté époustouflante surtout quand Cluzet, acculé, s'effondre, le regard vide, épuisé, dans la boue soutenue par Vincent Rottiers, le regard D'Emmanuelle Devos etsa fureur contenue lorsqu'elle comprend la vérité sur cette homme dont elle est tombée passionnément amoureuse, la scène de la fin sublime, intense, émouvante... Du grand art! Puis François Cluzet, tout simplement magistral, de la trempe des plus grands, comme s'il ne jouait pas mais vivait de l'intérieur son personnage....