Merci d'avoir ruiné tous mes espoirs.
Rien n'aurait pu me faire plus plaisir qu'une adaptation de ma trilogie de romans préférée. C'est pourquoi, en cette belle fin d'année 2007, j'étais si pressé d'être rendu au 5 décembre, date de la sortie française. Et je n'ai pas été déçu. Du moins pas sur le coup, pas en sortant de la salle.
Car malgré tous les défauts et autres horreurs que je vais citer plus bas, le film est tout de même très beau et reconstitue les environnements du livre avec brio, que ce soit l'université d'Oxford, la station du nord Bolvangar et chaque objet (l'aléthiomètre est une merveille) ou moyen de transport issu du bouquin.
Dans la bande-annonce, New Line nous promettait une nouvelle trilogie épique digne du Seigneur des Anneaux. Et bordel, il y avait une énorme consistance, il avait de quoi en faire quelque chose ! Mais non. Au lieu de ça, Chris Weitz et ses compères ont choisi une voie plus enfantine pour cette adaptation, ce qui explique le format d'1h50 et des broutilles. Mais purée, vous êtes sûr d'avoir lu le même livre que moi ? Vous aviez conscience que malgré un premier tome enfantin certes, les deux derniers abordent des thèmes comme le passage à l'adolescence, le péché originel et la place de la religion dans la société, évoquant même le possible "meurtre" de Dieu ?
Et cette façon d'avoir coupé le film peut-être trente ou quarante pages avant la fin, pour ne pas heurter la sensibilité des gosses peut-être ? Oh oui oui, laissons Roger se faire trucider au début du deuxième film, ça sera tellement mieux. Ceci est donc la première grosse erreur de New Line, avoir voulu adapter une trilogie ado-adulte pour un public -12.
Les acteurs maintenant, point positif du film. J'avoue volontiers que le casting m'a presque complètement satisfait. Entre Kidman qui se révèle être une Mme Coulter extra (faite pour ce rôle), Daniel Craig en oncle satisfaisant, Eva Green en sorcière et Gandalf qui prête sa voix à un ours, tout allait pour le mieux. Mais Dakota Blue Richards, vraiment ? Elle surjoue durant la totalité du film. Rien ne semble vrai, le caractère de Lyra est à demi respecté, et au passage la VF est ignoble. Et tous ces seconds rôles géniaux ne suffisent pas à rattraper sa médiocrité, le plus grand moment étant la rencontre avec Iorek Byrnison, inoubliable. S'il y avait bien un rôle à ne pas rater, c'était bien celui de Lyra.
Weitz a, par ailleurs, un énorme souci de rythme. Voulant à tout prix rester dans le format de film enfant, c'est à dire moins de 2h en gros, les séquences défilent sous nos yeux sans temps mort, certains durant à peine une minute à tout casser. BADAMDAMDAM *plan large sur le bateau en mer* Ah tiens, on se tape une petite discut' dans la cabine du capitai BADAMDAMDAM *nous voilà repartis*. Avoir Desplat comme compositeur c'est sympa, encore faut-il savoir doser la musique.
Malgré ma déception je met 5. Parce que c'est une adaptation d'un des mes bouquins favoris, que j'ai aimé voyager à travers ce monde qui ressemble au nôtre mais ne l'est pas, de voir ces daemons incarnés en une multitude d'animaux accompagner chaque personnage, voilà.
Je suis quand même bien content que les recettes au box-office ne leur ont pas suffit, je préfère pas imaginer ce qu'ils auraient pu faire de la suite.