Ce film aurait pu avoir mieux, mais il a quand même de nombreuses faiblesses. En fait, son principal soucis, c’est qu’on ne sait pas trop ce qu’a voulu faire Bard Bird ni à qui il s’adressait dans ce film. Un hommage à la SF ? Lancer une nouvelle franchise ? Un film pour faire voyager un jeune public ? Faire passer un message d’espoir sur notre avenir ? Difficile de juger parce qu’au final, À la poursuite de demain c’est un peu tout ça.
Le film prend le temps de bien poser son univers, ce que j’ai apprécié. On retrouve d’ailleurs dans cet univers beaucoup de choses qu’on a dans les œuvres d’Asimov, d’Orwell ou Bradbury (dont il est fait référence d’ailleurs). La contre-partie, c’est que si le film prend le temps de bien développer et de se mettre en place, il en devient extrêmement long. Le début ressemble à ce qu’on pourrait trouver dans un cycle classique de SF, un premier opus là pour présenter les personnages, l’univers, le contexte ; mais finalement non, parce qu’il conclut son histoire. C’est d’ailleurs dommage, parce que la dernière partie se résout au final très rapidement, presque trop.
Comme je le disais, outre ses références, le film est aussi un hommage à la SF dans la structure de son histoire, la relation entre les personnages, les passages « clichés » du genre (tellement gros qu’on se demande s’ils ne sont pas mis à escient). CE qui finit par rejoindre le dernier point : faire un film pour le jeune public, le faire rêver avec une histoire fantastique. Le tout porteur d’un énorme message positif, pacifique et plein d’espoir quant à notre futur : ce n’est pas parce que tout le monde dit que c’est foutu qu’il faut se laisser abattre et baisser les bras, il suffit juste d’un petit peu de volonté pour que ça change. Un très beau message.
Pour le reste, je ne vais pas trop m’attarder. Sur le casting, george Clooney et Hugh Laurie semblent s’être bien amusés sur le tournage et ça se voit d’ailleurs à l’écran. Britt Robertson apporte un peu de fraicheur et d’hystérie collective à tout ça (peut-être même un peu trop par moment), quand Raffey Cassidy apporte la maturité inattendue pour son personnage. Un casting globalement correct qui tient parfaitement son rôle dans ce film familial qui ne l’est pas non plus vraiment.
Sur le plan technique, j’ai beaucoup aimé la musique de Michael Giacchino, parfaitement ancré dans l’ambiance du film et le plus pur style SF, avec ces quelques envolées lyriques qui nous font partir au pays des rêves. Les effets spéciaux et les décors sont également très ancrés dans le genre, mais aussi le ton enfantin du film tout en proposant un univers futuriste incroyable (qui fait là aussi beaucoup penser à du Asimov).
Enfin, la mise en scène de Brad Bird est globalement correcte et très classique là aussi dans le genre (un mélange SF-film familial). Néanmoins, je m’attarderais sur un plan-séquence (et oui, fallait bien qu’il y en ait un ^^) : celui de la première arrivée à Tomorrowland. Ce plan-séquence, qui doit durer 2-3 minutes je pense, est le parfait exemple de ce que le film veut nous proposer : un monde utopiste. On suit l’héroïne, qui pour le coup devient un élément secondaire puisque le personnage central devient le décor lui-même. Ce plan nous vend du pur rêve, le tout sur la musique sublime de Giacchino. Rien que pour ce plan-séquence, le film vaut le détour.
Bref un film intéressant en soit, mais aussi étrange. Il n’est ni bon, ni mauvais, ni même moyen. Il est ce qu’il est : une sorte d’OVNI difficile à cerner et qui peut déstabiliser plus d’un. Chacun peut y trouver son compte comme chacun peut ne pas se retrouver dans l’histoire. On ne sait jamais si Bard Bird en fait trop ou pas assez, si l’histoire s’enlise ou si elle veut nous faire partager son univers, si les acteurs sont hors de contrôle ou s’ils veulent nous faire partager leur incrédulité. Un film avec des forces mais aussi des faiblesses. Un film bizarre.