Ce documentaire relate la découverte d’une photographe qui ne publia aucun cliché de son vivant, avant qu’on n’exhume son œuvre dans une vente aux enchères : un cartons de négatifs, qui allait conduire à la mise au jour d’une collection colossale dont une grande partie était encore à l’état de pellicules non développées.


Enquête sur une femme mystérieuse, le film retrace une existence banale d’une nourrice passant d’une famille à l’autre, ne s’étant jamais mariée, et semblant avoir consacré sa vie entière à sa passion pour la photo.


Ce qui frappe d’emblée est la qualité incroyable de ses clichés, leur science du cadre et le talent avec lequel l’artiste a su capter, voire voler, des instantanés, des portraits de la ville et de la vie américaines des années 50 à 70. Bien des experts l’affirment, elle aurait eu un succès considérable de son vivant si elle avait fait les démarches pour les rendre publics.


Les raisons de son silence restent un mystère irrésolu. La multiplicité des témoignages permet de dresser le portrait contrasté d’une femme étrange, peu sympathique, voire violente avec certains des enfants dont elle avait la charge. Discrète à l’excès, peu désireuse de donner son nom ou laisser une trace, accumulant de façon maladive des objets ou des journaux, elle buvait le réel jusqu’à la nausée, incapable de le digérer pour le retranscrire aux autres, et finissant ses jours comme une marginale.
John Maloof s’en est donc chargé, compilant et triant son incroyable capharnaüm pour en extraire les chefs d’œuvres que l’on connait aujourd’hui.


Sujet passionnant pour un documentaire qui sur la forme s’avère assez mauvais : la première demi-heure est insupportable, entre une musique cheap soulignant les émotions attendues du spectateur et Maloof pratiquant davantage l’autoportrait qu’autre chose. L’ensemble s’améliore par la suite, mais s’égare aussi dans la thérapie collective et le pathos pas toujours bien dosés, alors que les clichés suffisent à véhiculer, dans le silence éternel, un mystère et une parole bien plus fertiles.

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le 27 août 2016

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Sergent_Pepper

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