Quand les questions qu'il suscite valent davantage que le film lui-même

En 2007, John Maloof achète un plein carton de négatifs photographiques ayant appartenu à une inconnue, ancienne nourrice, Vivian Maier. Cet achat marque le début d'une enquête hors du commun mettant à jour la vie singulière d'une photographe exceptionnelle.

La beauté des photographies saute aux yeux. Comme l'expliquent certains professionnels interrogés, le travail de Vivian Maeir est d'une puissance rare. Maîtrise du cadre, de la lumière, de l'arrière plan, force d'humanité et d'empathie, autoportraits stupéfiants.

On regrette rapidement que le documentaire de John Maloof et Charlie Siskel ne s'attarde pas davantage sur la valeur de l'œuvre mise à jour. Et même si l'on se passionne pour l'enquête menée, même si la découverte d'une personnalité finalement très mystérieuse, trouble parfois, déroutante, rend le film assez palpitant, on demeure frustré par l'absence d'une véritable analyse artistique.

À la recherche de Vivian Maier pose ainsi les bases d'une réflexion qui le dépasse. Si le film affiche une volonté stylistique, il faut admettre que le résultat n'est pas à la hauteur. Il s'avère plutôt bancal dans ses élans formels, avant de se contenter de n'être qu'un simple reportage télévisuel.

La question qui se pose est en réalité celle des limites que les réalisateurs auraient dû se donner. L'enquête est ici particulièrement intrusive. Cette mise à nu d'une vie constamment en retrait s'apparente aux méthodes peu scrupuleuses des paparazzi. Avions-nous à savoir tout ça pour apprécier l'œuvre de Vivian Maier ? John Maloof devait-il se mettre tant en avant en début de film ? Que cherche-t-il finalement ?

La personnalité de Vivian Maier n'en reste pas moins une énigme, et c'est tant mieux. Pourquoi cette femme solitaire a-t-elle passé sa vie à faire des photographies pour ne jamais les montrer ? Pourquoi amassait-elle quantité de souvenirs, de journaux, de preuves d'une existence qu'elle semblait tant vouloir préserver ?